L'Interview d'Hugues Aufray

“Pour moi chanter ce n’est pas un métier c’est une façon de vivre »

Seniors.Mag. : Hugues Aufray, vous êtes un chanteur qui transcende les générations, à 90 ans n'avez-vous pas envie de vous poser un peu ?

Hugues.Aufray. : Vous me demandez si j’ai envie d’arrêter de chanter. Bien sûr que non... Je chantais bien avant d'être payé pour cela, pour mes amis, mes parents. Chanter pour moi est tout à fait normal et si demain pour des raisons de santé, je ne peux plus faire de tournée, je continuerai pour le plaisir dans la mesure de mes moyens. Pour moi chanter ce n'est pas un métier c'est une façon de vivre !

S.M. : Vous chantez donc toujours par plaisir !

H.A. : Tout à fait... et à la fois pour le plaisir et celui de mon public. Je suis bohème et j’ai mené ma vie de « vedette » de la même façon, je n'ai pas songé à faire fortune... Je chante par plaisir mais aussi par nécessité car j’ai comme beaucoup des charges familiales importantes !

S.M. : Une question plus pratique : Lorsque vous vous produisez êtes-vous entouré de musiciens sur scène ? 

H.A. : Depuis 4 ans j'ai tourné en France volontairement en formule réduite. Ce qui permettait de chanter dans de petites localités et ainsi proposer les places à des tarifs raisonnables... J'ai beaucoup de plaisir dans cette tournée plus intimiste ... j’étais accompagné de 2 ou 3 musiciens seulement, musiciens qui sont des amis fidèles et à mes côtés depuis de longues années. Cette formule a très bien marché... J’ai volontairement renoncé aux grands festivals de plein air réunissant de 3 000 à 20 000 personnes. Je prépare pour 2020-2021 l’enregistrement d’un album concept qui suppose une orchestration beaucoup plus importante, avec de nombreux musiciens, pour pouvoir retrouver les pleins airs et les grandes scènes. J’ai récemment chanté devant 5000 personnes, à Sorèze dans le Parc de mon ancienne école, puis deux jours à la Salle Pleyel à Paris à guichets fermés avec 6 musiciens, ce qui laissait entrevoir mes projets !

S.M. : Au quotidien comment préserve-t-on sa voix, son outil de travail, depuis 70 ans ?

" Pour maintenir ma voix en forme je chante à la maison des chansons de Georges Brassens."

H.A. : La voix est un muscle et si on l'utilise mal ou trop, ce muscle peut se fatiguer, le joueur de football qui a une crampe en plein match est obligé de quitter le terrain. Les coureurs cyclistes du Tour de France s'entraînent au quotidien même le jour de repos...  Pour maintenir ma voix en forme je chante à la maison des chansons de Georges Brassens en particulier...  Cela me rassure et me met en joie !

S.M. : Est-ce qu’aujourd’hui vous-vous considérez toujours comme un troubadour, un troubadour du 21e siècle ou plutôt un chanteur ?

H.A. : Le mot troubadour me convient... En fait, jeune je voulais être peintre et sculpteur, je n'avais jamais envisagé d'être chanteur. Ne pouvant pas faire les Beaux-Arts j’ai dû renoncer à la carrière d'artiste peintre. Je devais gagner ma vie mais je ne voulais pas m’enfermer dans un bureau. J’ai trouvé tout simplement des engagements qui m’ont conduit pratiquement pendant 10 ans de cabaret en cabaret, avant d’enregistrer mon premier disque. C’est cette période de « vagabondage », sans objectif de carrière qui m’a valu cette image légendaire de troubadour.

S.M. : Néanmoins vous avez exposé pour la première fois quelques-unes de vos sculptures au Musée Maillol de Banyuls en 2013, pourquoi avoir attendu toutes ces années ? Est-ce la musique, votre carrière, qui vous prenaient tout votre temps et votre énergie ?

H.A. : Absolument, je n'avais pas le temps. J’ai parcouru la France en concert pendant plus de 50 ans... Mais je me suis mis à sculpture et à la peinture à 70 ans sur les conseils de Dina Vierny, le dernier modèle et la muse d’Aristide Maillol ! Je vais désormais consacrer plus de temps à cette passion de jeunesse.

S.M. : Juillet 1966, vous étiez sur la photo du siècle qui regroupait les 40 vedettes yéyé..   Etes-vous nostalgique de cette époque ?

H.A. : Pas du tout. Je ne me reconnaissais pas dans cette époque, pour la simple raison que j’avais 10 ans de plus que ceux qu’on appelait les « yé yé ». J’avais 30 ans, ils en avaient 20...

« Avec les premiers sous que j’ai gagné, j’ai immédiatement acheté une ferme en Ardèche ! »

Par ailleurs le star-system ne m’attirait pas du tout, Saint-Tropez, l'île de Ré, Courchevel, Gstaad, ces endroits où en vedette il fallait être vu… Non... Avec les premiers sous que j’ai gagnés, j’ai immédiatement acheté une ferme en Ardèche...  J’avais un élevage de chèvres et nous faisions du fromage de grande qualité et cette façon de vivre me convenait parfaitement ...

S.M. : Etes-vous êtes un homme heureux aujourd'hui ?

H.A. : La vie m'a gâté, je ne m'attendais pas à autant de succès et je dois dire que je suis comblé ! Mais être heureux dans ce monde où il y a tant de malheur n’est pas facile … Très heureux souvent quand même et malheureux aussi parfois. Comme des milliers d’êtres humains j’ai des joies immenses et des peines profondes.

S.M. : Quels sont vos projets pour l'année à venir ?

H.A. : J'ai beaucoup de projets : J'ai deux disques en tête qui vont être réalisés en 2020... Je poursuis ma tournée à 4 musiciens « L’éternel retour » et surtout une grande tournée est prévue après la sortie du disque, avec un nouvel orchestre... le nom n’est pas encore choisi... très certainement celui du disque ! Et puis il y aura aussi de nouvelles sculptures …

Propos recueillis par Pascale Peiffer

Rendez-vous sur son site officiel pour plus d'informations https://huguesaufray.com/index.php?option=com_ecwid&view=ecwid&Itemid=715

SON ACTUALITÉ 

Date de concert - 20 décembre 2019 :  La Coupole St Loubès (33)

Pour réserver en ligne https://www.ticketmaster.fr/fr/artiste/hugues-aufray/idartiste/46

Album - Troubadour Tour : En téléchargement sur les plateformes