Catherine Ceylac : A la vie, à la mort

  • Par Pascale PEIFFER
  • Mise en ligne : 28 mai 2018
  • Mise à jour : 28 mai 2018

Catherine Ceylac vient de sortir un livre « A la vie, à la mort » dans lequel 14 personnalités se confient sur la disparition, l’absence, la douleur … et racontent les moments où tout bascule lors du départ d'un être cher.

Seniors Mag (S.M.) : Qu’est-ce qui vous a motivé à recueillir ces différents témoignages sur les thèmes de la mort, de la foi, de la disparition des êtres chers ? Est-ce que le départ de cette quête est simplement la phrase que vous dit Jean d’Ormesson quand il vient à votre émission « Thé ou Café » le 20 septembre 2015 : « Mon unique regret, ne pas pouvoir assister à mes funérailles ? »

Catherine Ceylac (C.C.) : J’ai rencontré à plusieurs reprises Jean d’Ormesson et on abordait régulièrement le sujet car il avait beaucoup d’humour mais il était aussi très tourmenté par la mort. Mais ce n’est pas seulement lui qui m’a motivée, inspirée, car dans mon émission « Thé ou Café » je pose des questions à mes invités sur ce sujet tel que : Est-ce que vous avez peur de la mort ? De plus, je me suis rendu compte que mes invités avaient souvent frôlé la mort par un accident ou une maladie et qu’ils avaient éprouvé de la souffrance, du chagrin lors de la disparition de proches. Partant de cela, moi-même ayant perdu mes parents à 3 mois d’intervalle et brutalement, j’ai commencé à m’interroger sur le sens de la vie. J’avais envie que ce soit des personnalités qui m’en parlent en apportant leur témoignage et que leurs paroles se fassent sous forme de conversations, que l’on entende le timbre de leur voix à travers ces écrits et que ce ne soit pas littéraire.

S.M. : On entend effectivement au début de votre ouvrage Jean-Louis Trintignant …

C.C. : Oui il nous dit « Je suis mort le 1er août 2003 ». On a l’impression qu’il est près de nous dans la même pièce et qu’il nous parle. En définitif, c’était aussi sur un plan personnel, un questionnement qui était assez présent dans mon esprit et j’avais envie que ces personnalités m’apportent, ainsi qu’aux lecteurs, un apaisement, un soulagement, du réconfort.

S.M. : Parmi ces 14 récits, est-ce qu’il y en a un qui vous a plus touchée ?

C.C. : J’ai pris un peu de tous les participants car ils ont chacun une singularité, dans leur témoignage, dans leur vie. Ce qui m’a le plus étonné c’est cette culpabilité qui dévore Jean-Louis Trintignant de ne pas être présent le soir où sa fille a été assassinée. C’est quelque chose que l’on ne connaissait pas de lui. J’ai également été touchée par Erik Orsenna, qui est un homme avec beaucoup d’humour et de détachement, quand il dit qu’il a déjà eu une vie très remplie, très dense et que tout ce qui lui arrive « en plus » à présent, n’est que des extras. Nathalie Rykiel est bouleversante quand elle évoque le moment où elle était devenue la mère de sa propre mère, cette dernière souffrant de la maladie d’Alzheimer. C’est affreux d’avoir ses parents touchés par cette maladie et qui agonisent pendant des mois. Il y a également René de Obaldia qui va avoir 100 ans cette année qui a aussi beaucoup d’humour. Il se dit « intermittent de la foi ». Il est parfois croyant et à d’autres moments complètement « remonté » contre le tout puissant qui ne nous aide pas beaucoup en fin de vie surtout ceux qui ont une fin de vie épouvantable indigne d’un être humain. C’est pour cela d’ailleurs que Line Renaud dit qu’elle ne veut pas vivre ça. Elle s’est confiée juste avant le décès de Johnny Hallyday, ce qui fait qu’elle a réagi essentiellement sur sa mère et elle insiste sur le fait qu’il faille accompagner ses morts. Elle a des regrets de ne pas avoir été dans la même pièce que sa mère quand celle-ci a rendu son dernier souffle. Line Renaud est incroyable quand elle dit qu’il faut mourir dans la gloire. Elle a peur d’arrêter la scène et de mourir bien plus tard auquel cas on l’aurait (peut-être) oubliée entre temps !

S.M. : Comment avez-vous choisi ces 14 personnalités ?

C.C. : Elles m’ont répondu très spontanément. J’ai eu aussi des contacts avec 3 ou 4 autres personnes qui n’ont pas voulu collaborer car elles avaient perdu récemment des personnes chères à leur cœur et elles ne se sentaient pas capables d’en parler. Mes 14 témoins m’ont tout de suite accordé du temps. Je les ai rencontrés à plusieurs reprises et pour certains, chez eux ou du mois dans un cadre très intime. En fait, pour parler d’un sujet comme celui-là, il faut du temps, il faut rentrer dans l’intimité de quelqu’un, c’est tellement personnel et certains témoins vont très loin dans leurs propos. Cela est facilité parce qu’il s’agit d’un livre. Si j’étais venue avec une caméra je ne pense pas que j’aurais obtenu la même chose.

S.M. : En fait, ces écrits sont une suite logique de ce qui se passe dans vos émissions, une suite des échanges que vous pouvez avoir avec vos invités mais qui s’arrêtent, faute de temps ou par pudeur face à une caméra …

C.C. : Oui ceci est effectivement un prolongement.  Mais je voulais développer un sujet sur lequel on ne m’attendait pas. Des lecteurs m’envoient des témoignages et me disent que ça leur fait du bien de voir qu’ils ne sont pas seuls à ressentir le chagrin, le vide, la culpabilité … lors de la disparition d’un être cher.

S.M. : Cela fait 22 ans que vous avez créé l’émission « Thé ou Café » et dans laquelle on vous retrouve chaque samedi et dimanche matin. N’y a-t-il pas un peu de lassitude ?

C.C. : « Thé ou Café » permet un entretien avec une personnalité, un tête à tête qui m’intéresse. Je veux mettre en avant le côté brillant de la personne tout en montrant les fragilités, les blessures de mes invités. C’est en cela que le livre rejoint l’émission ou inversement. L’être humain est complexe et c’est intéressant de « gratter » un peu pour découvrir le jardin secret de chaque invité. Cette émission de 50 minutes est la seule qui permet une conversation intime sans public et sans chroniqueurs même s’il y a les caméras.

S.M. : Pas de retraite en perspective ?

C.C. Oh non, je n’ai pas envie. Je ne sais même pas ce que ça veut dire. Il y a peut-être une vie après la télé mais qui sera très certainement, en ce qui me concerne, liée une activité professionnelle et notamment pour réaliser des documentaires. J’aimerais aussi monter sur scène et faire du théâtre.

Catherine Ceylac en quelques mots :

  • Née Catherine Cognet le 20 juin 1954 à Rennes
  • Présentatrice de Télématin en 1988 et 1989
  • Présentatrice de Thé ou Café sur France 2 les samedis et dimanches matin depuis 1996
  • Elle est la compagne de Claude Sérillon depuis 1984
  • Elle a un fils, Jean-Philippe Oudot né en 1973 d’un premier mariage
     

 

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