Franck Ferrand au coeur de l'Histoire

  • Par Pascale PEIFFER
  • Mise en ligne : 29 avril 2015
  • Mise à jour : 13 avril 2018

Il est le conteur que l’on aime entendre sur Europe 1, le garant de l’Histoire qu’il aime remettre en page quand les manuels scolaires s’en éloignent trop, il est le Alain Decaux qui nous présente de belles émissions sur France 3, bref Franck Ferrand intervient dès qu’il peut pour nous raconter de belles histoires, pour nous livrer la vraie Histoire.

Seniors Mag (SM) : Franck Ferrand, vous êtes aujourd’hui le spécialiste de l’Histoire et de l’histoire en général. C’est ce que vous souhaitiez faire plus jeune ?

Franck Ferrand (FF) : J’ai toujours été passionné par l’histoire, passion qui m’a été transmise très tôt par une institutrice.  Ensuite on peut parler de circonstances car après mes études c’est  Alain Decaux qui m’a amené à faire de la radio et c’est parce que j’ai fait de la radio que l’Histoire est devenue réellement mon métier.

SM : En fait vous êtes maintenant le « Alain Decaux » de l’Histoire tout comme Stéphane Bern est le « Léon Zitrone » du Gotha mais est-ce que vous avez malgré tout un modèle qui a bercé votre jeunesse ?

FF : J’ai toujours admiré la capacité que Pierre Bellemare  à incarner une histoire, à rendre vivant un récit. J’ai travaillé pour lui 3 saisons de suite. J’écrivais les textes d’une émission qui s’appelait «Les aventuriers du XXème siècle » sur Radio Nostalgie. Pierre Bellemare  sait manier les silences, ce qui est une arme à la radio. Et j’essaie, comme lui, d’être un conteur surtout quand je suis sur Europe 1.

SM : Justement vous avez des rendez-vous quotidiens avec les auditeurs.

FF : Depuis 13 ans je présente « Au cœur du l’Histoire ». Le public est de plus en plus nombreux, fidèle et de plus en plus jeune.  Par ailleurs à 6h25 tous les jours je fais un petit clin d’œil à l’antenne dans l’émission de Thomas Sotto et une fois par semaine pendant 10 minutes j’interviens  dans l’émission de Cyril  afin d’évoquer l’Histoire  dans une émission d’humour.

SM : Vous êtes également sur France 3  avec l’émission « L’ombre d’un doute »

FF : Oui une fois par mois je présente une émission que j’ai préparée avec mon équipe de 12 personnes. Ce travail est considérable, car pour chaque émission il nous faut plusieurs semaines de préparation et nous avons 10 émissions à livrer dans l’année.

SM : Vous intervenez dans les croisières Historia en tant que conférencier

FF : Pour moi c’est presque autant du divertissement que du travail. Les croisières ont un parcours différent chaque année. Cette année nous faisons la mer baltique, la Pologne, les Pays Baltes, la Russie, la Suède et évidemment les conférences ont un lien direct avec les sites que nous visitons. Je ne suis pas le seul conférencier puisque je serai accompagné du professeur Jean Tulard, grand spécialiste de l’Empire, et par Serge Legat un merveilleux historien de l’art. En totalité une dizaine de conférences seront présentées aux croisiéristes. J’aime les croisières car elles me permettent une proximité avec différentes personnes que l’on croise dans les couloirs, lors des repas …

SM : Qu’est ce qui vous passionne dans l’histoire ?

FF : J’aime rétablir la vraie Histoire, j’ai toujours été motivé par la volonté de faire émerger une certaine vérité. Je suis malheureux lorsque je sens qu’un mythe, une légende vient occulter une vérité. J’aime  les énigmes historiques et  je me complais dans les mystères de l’Histoire. Mon cheval de bataille est la question d’Alésia mais mon dernier livre était consacré à François 1er. Je voulais montrer aux Français que François 1er n’est pas celui que l’on raconte depuis maintenant des siècles. On nous le présente comme un grand roi, le prince de la Renaissance, le père des lettres, l’ami de Léonard de Vinci. En fait il n’était rien de tout cela. C’était un roi assez calamiteux et je pense qu’il fallait le dire aux gens. On nous berce de jolies histoires mais qui dans certains cas sont totalement fondées sur des légendes, des ragots. Il faut donc revenir aux archives, aux textes, aux éléments et surtout rappeler aux lecteurs les faits tels qu’ils se sont déroulés.

SM : Avec de tels propos vous mettez un grand coup de pieds dans la fourmilière de l’éducation nationale.

FF : J’aimerais  beaucoup que ce soit le cas mais l’éducation nationale s’éloigne même de cela ;  ce qui en fait un de mes soucis. En effet, pour  remettre en cause certaines légendes encore faudrait-il que les gens les connaissent. Puisque  l’éducation ne va même plus jusqu’à les enseigner, comment voulez-vous rétablir la vérité sur des idées fausses qui n’on pas été inculquées ? Les élèves ne savent même pas qui est François 1er.

SM : Vous exercez également votre sens critique sur le site Figarovox et dernièrement vous avez déploré les problèmes d’élocution saccadée du président de la République, des fautes de syntaxes … Est-ce que la sauvegarde de la langue française est votre nouveau combat ?

FF : La langue est un bien collectif, un patrimoine qui appartient à tout le monde, sans condition sociale ou financière. Chacun d’entre nous peut se l’approprier et je trouve dommage qu’on l’appauvrisse, qu’on la déforme, qu’on la dénature de plus en plus. Sans être un puriste et en étant conscient que je commets également des fautes de français, j’essaie de rendre hommage à notre langue, de la nourrir, de faire en sorte qu’elle reste la plus variée possible.

SM : On vous compare souvent à Stéphane Bern, tous deux spécialistes de l’Histoire. Y-a-t-il une petite rivalité ou une certaine concurrence entre vous ?

FF : Nous sommes complémentaires. On est amis depuis très longtemps dans la vie et nous passons nos vacances ensembles tous les ans. Cela aide sûrement à ce qu’il n’y ait pas de rivalité d’autant plus que nous avons  des centres d’intérêts un peu différents. Stéphane s’intéresse beaucoup au Gotha, aux rois, aux reines, à l’Histoire lumineuse et souriante alors que moi je m’intéresse aux zones d’ombres, aux mystères, aux choses qui fâchent. Mon goût pour ce qui pose problème l’amuse beaucoup. Et quand on est ensemble on a des conversations très intéressantes car on n’est pas toujours d’accord sur l’Histoire. Regardez l’émission qu’il a faite sur François 1er. Elle était aux antipodes de ce que j’ai écrits dans mon livre. Mais nous avons un projet commun qui est une série télévisée  sur le  thème de la monarchie. C’est la vie d’une famille royale de nos jours et l’écriture est très passionnante. Mais nous ne sommes qu’au début du projet et nous ne savons pas sur quelle chaines et quand cela sera diffusée !

 

Franck Ferrand en quelques mots :

  • Il est né à Poitiers le 12 octobre 1967
  • Il est diplômé de Sciences-Po Paris ainsi que de l’EHESS (DEA d’Histoire)
  • En 2011, il a été fait chevalier de l’ordre des Arts et Lettres
  • Il est auteur d’une dizaine d’ouvrages consacrés à l’Histoire.
  • Pour lui le site d’Alésia n’est pas en Bourgogne mais dans le Jura !
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