Comédienne, musicienne, actrice, metteuse en scène, découvrez Mathilda May

  • Par Héloïse Morée
  • Mise en ligne : 01 octobre 2019
  • Mise à jour : 09 octobre 2019

Mathilda May en quelques mots, de son vrai nom Karin Haïm est née à Saint Ouen le 8 février 1965. Elle a épousé Paul Powell dans les années 90 puis Philippe Kelly en 2000. Elle a eu deux enfants avec Gérard Darmon, Sarah et Jules. Désormais célèbre pour ses spectacles sur scène, Mathilda May a obtenu un prix Molière avec son spectacle Le Banquet en tant que metteuse en scène dans un spectacle de théâtre public, elle a également été la voix française de Pocahontas en 1995 par les studios Disney.

« Je pars du principe que la vie est "mouvement" et que l’on n’est pas obligé de trouver absolument sa place. »

 

Seniors Mag : Mathilda May, l’année 2018 marque un tournant dans votre vie. Après la consécration que vous avez eu dans la presse et auprès du public pour votre spectacle « Open Space » vous récidivez cette année avec une nouvelle pièce « Le Banquet » toujours dans le même genre mais surtout avec cette volonté de montrer que vous avez une autre casquette que celle d’une actrice, d’une comédienne, d’une danseuse, tout ce qui faisait déjà de vous une artiste accomplie …

 

Mathilda May : Ce tournant avait été entamé il y a une dizaine d’années, quand je me suis mise à écrire et à vouloir me prendre en main. D’ailleurs j’explique tout mon parcours dans un livre qui est paru en mai chez Plon « V.O. ». Mais je ne suis pas à mon premier virage puisqu’avant d’être comédienne j’étais danseuse. En fait, je pars du principe que la vie est «  mouvement  » et que l’on n’est pas obligé de trouver absolument sa place.

 

S.M.  : En France, tout est pourtant très cloisonné professionnellement…

 

M.M.  : Il ne tient qu’à nous de nous affranchir de ces cloisonnements et c’est justement ce que j’écris dans le livre «  V.O.  ». Je trouvais que l’on était tous plus ou moins empêchés et que ce livre pourrait peut-être permettre à des personnes d’agir et de s’imaginer autrement. Autour de moi j’entends régulièrement des gens qui me disent « je ne suis pas capable de … » et je leur réponds « jusqu’au jour où… » en leur citant mon exemple. Effectivement, il y a 10 ans je n’aurais pas imaginé que je serais auteur metteur en scène de spectacles sous cette forme qui est la mienne. Il faut donc laisser l’ouverture possible vers l’imprévu. Je suis moi-même surprise de la façon dont la vie se déroule et je pense que le développement est plus naturel que les blocages.

 

S.M. : Est-ce que l’on met sa vie privée de côté pour pouvoir s’affranchir professionnellement ? Ce nouveau spectacle vient après une expérience de 3 mariages …

 

M.M. : Non que 2 ! En fait je ne distingue pas ma vie privée de ma vie artistique. Je suis artiste des pieds à la tête et du matin au soir, c’est mon ADN. C’est extrêmement intime quand j’écris.

 

S.M. : Quand on est artiste à plein temps comme vous et que l’on élève des enfants est-ce que l’on ne les dégoute pas de ces métiers si dévorants ?

 

M.M. : Mes enfants comprennent mes inspirations. J’ai des moments d‘autarcie, je les préviens à chaque fois que je vais entrer en immersion car l’écriture est une immersion. J’essaie d’écrire avec mes tripes et je ne peux écrire que comme cela. Mes enfants respectent ces périodes. Mon fils est musicien. Ma fille ne souhaite pas être artiste. Peut-être parce qu’elle connait ce que sont les périodes d’angoisse et parce que la liberté à un prix. Elle fait des études de commerce.

 

S.M. : Pour monter un spectacle comme "Open Space" ou "Le Banquet", comment écrit-on un texte qui ne se dit pas ? Comment pouvez-vous imaginer votre spectacle alors que tout n’est qu’onomatopée et que toute l’histoire n’est que bruitage, sons, fond sonore…

 

M.M. : Oh je travaille sur mon ordinateur en décrivant tout : « Il se lève, il s’assoit, il tombe en arrière, il va chercher un verre d’eau … ». "Open Space" était la vie d’une entreprise et le nouveau spectacle est un banquet de mariage. Le sujet qui me passionne est la cohabitation forcée. "Open Space" se déroulait sur du long terme, "Le Banquet" de mariage est sur du court terme mais on se pose les mêmes questions : comment les gens entrent en contact, comment cohabitent-ils pour le meilleur et pour le pire ? Evidemment ce qui est intéressant dans un mariage, c’est que le curseur émotionnel est plus élevé qu’à l’ordinaire puisque c’est un moment charnière dans une vie et l’alcool présent dans la fête permet souvent les plus beaux dérapages. Il y a aussi le spectacle « danse » puisque dans ces occasions il y a toujours des personnes qui font des performances, des chansons et autres chorégraphies qui promettent aussi de beaux ratages. Ça va donc être un banquet qui part en vrille. La parole est donnée au corps. J’aime solliciter à la fois l’artiste et le spectateur dans une acuité particulière qui ne passe pas par la réflexion mais directement par l’émotion. Un peu comme quand on ferme les yeux, on entend mieux, j’ai l’impression que quand on enlève les mots, on enlève certaines béquilles, on déstabilise suffisamment pour être plus vigilant et plus connecté à l’émotion. Le banquet va être délirant, avec de la vidéo et des effets spéciaux.

 

S.M. : Ce qui est très étonnant et captivant dans votre spectacle c’est le fait qu’il y a des zooms sur les personnages, parfois sur un seul puis sur un groupe d’individus, puis on repart sur un duo … C’est une danse de zooms un peu comme au cinéma …

 

M.M. : C’est exactement cela … Il y a le collectif et dans ce collectif, des individus et on assiste régulièrement à des allers-retours entre une vue d’ensemble et les singularités, les identités individuelles.

 

S.M. : Donc quand on écrit un tel spectacle, on est obligé de le suivre jusqu’au bout et d’en être le metteur en scène ?

 

M.M.  : Oui pour ce genre de spectacle c’est une évidence. D’ailleurs pour "Open Space" j’avais également fait la musique. Tout cela est indissociable. Il faut avoir une vision globale quand on travaille sur ce genre de projet. Par contre, je ne peux pas jouer dans le spectacle, c’est trop complexe à régler. De plus par expérience, je pense que l’on me voit mieux quand on ne me regarde pas.

 

S.M. : Il n’y a pas de frustration de votre part de ne pas être sur scène ?

 

M.M  : Non parce que, quand on crée ce genre de spectacle, il y a déjà une jouissance par rapport à la complexité de la mise en scène, la précision, de tout ce qui est orchestré, chorégraphié, minuté. Ce n’est pas possible d’être aussi sur scène. Les gens sont d’ailleurs bluffés par le travail que cela représente.

 

S.M. : Est-ce que l’on vous reverra bientôt sur grand écran ou à la télé ?

 

M.M. : J’ai plusieurs projets en cours, je les laisse vivre pour l’instant et je verrai vers lesquels je m’orienterai par la suite. Il y a cependant une série très originale, qui s’appelle « Access » que j’ai tournée avec Ahmed Sylla et qui sera diffusée dès cette rentrée sur C8. Propos recueillis par Pascale Peiffer

 

" Je pense que l’on me voit mieux quand on ne me regarde pas. "

 

SON ACTUALITÉ : Access : Série sur C8 depuis l'année 2018

Le Banquet : Pièce burlesque et sans parole avec mimes, danseurs, chanteurs, Une histoire sans mots mais avec des sons. Billets disponibles sur Fnac Spectacle.

Plusieurs dates en France jusqu'à fin 2019.

 

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