ÉRIC BESNARD

  • Par Arnaud Onnainty
  • Mise en ligne : 05 avril 2023
  • Mise à jour : 05 avril 2023

Il est un réalisateur et scénariste français, né le 15 mars 1964 et fils du réalisateur Jacques Besnard. Après des études en sciences politiques, son premier long métrage sort en 1998 Le Clow avec Ticky Holgado. Il devient scénariste à partir de 2003 et revient à la réalisation avec Cash en 2008 avec Jean Dujardin

INTERVIEW

S.M. : Bonjour Éric Besnard, « Les choses simples » est votre 10e film en tant que réalisateur, comment vous est venue l’idée du scénario ?

E.B. : 

Le COVID : Pendant la première semaine du confinement. Je descends acheter du pain, une dame marche vers moi et à 15 mètres change de trottoir. On ne se connaît pas et de toute évidence elle a peur de moi. J’appelle les producteurs et je leur dis : « il faut me laisser un mois car je veux réagir à ce que je viens de vivre, je n'ai pas envie de vivre dans un monde où l’on a peur ». Ce que je retiens de cette période c’est que l’on apprend plus de ses erreurs que de ses succès.

S.M. : Ce 10e opus est votre deuxième collaboration avec Grégory Gadebois, c’est votre acteur fétiche ?

E.B. : 

Comme je tourne dans un mois avec lui à nouveau, je vais avoir du mal à vous dire que je n’aime pas travailler avec lui (rires). J’ai fait plusieurs films avec Clovis Cornillac, Josiane Balasko, Benjamin Lavernhe et il y a des acteurs qui vous réconcilient avec leur métier, par rapport à leur vision, à leur gamme de jeu et c’est le cas de Grégory. J’ai rencontré un acteur que j’ai envie d’emmener dans des endroits où je ne l’ai pas vu. J’ai écrit le film avec la vision de Marlon Brando, Garry Grant et j’ai idéalisé le film. Le rapport au réel fait que quel que soit l’acteur, il n’y aura pas la perfection avec l’idéal que j’avais en tête car j’ai déjà « vécu » le film idéal. Ce qui m’intéresse c’est quand il se passe quelque chose que je n’avais pas prévu et je trouve que Grégory a cette faculté.

S.M. : Concernant Lambert Wilson, c’est votre première collaboration. Est-ce que vous vous connaissiez avant ?

E.B. : 

Lambert a joué dans deux films que j’ai écrit, "à l’aveugle" et "Babylone AD". Je l’avais donc déjà rencontré dans ma vie mais nous n’étions pas proches. D’ailleurs quand j’ai écrit le film je n’avais pas pensé à Lambert, je savais quel rôle attribuée à Grégory mais je ne savais pas qui allait jouer en face. Quand j’ai écrit le scénario, le personnage de Lambert n’existait pas, c’était un autre personnage mais je voyais que le film ne marchait pas tant que ça. J’ai donc pensé à Lambert Wilson et c’est lui qui m’a inspiré pour la création du personnage de Vincent Delcourt.

S.M. : Justement, est-ce que ce sont les personnages qui vous inspirent les acteurs ou le contraire ?

E.B. : 

Avec le temps, vous devenez de plus en plus humble. J’ai écrit une soixantaine de scénarios, je n’ai plus l'égo de celui qui veut dominer mais au contraire le scénario et les personnages me « dictent » ce que j’ai à écrire. Pour ce film, il y a le personnage qu’incarne Gregory qui est vraiment écrit pour lui et à l'inverse, pour l’autre personnage c’est Lambert qui me l'a “imposé”.

S.M. : Pierre, le personnage incarné par Grégory, a clairement choisi son bien-être, pourtant il n’a pas arrêté ces travaux de recherches scientifiques, est-ce parce qu’il est l’idéal de l’homme qui va concilier sa vie professionnelle et sa vie personnelle ?

E.B. : 

Pour moi, une de mes névroses c’est le travail ! Il faut trouver l’endroit ou l’on est le mieux et exploiter son potentiel au maximum. Personnellement j’ai voulu être saxophoniste de jazz, je vous assure que j’ai bien fait d’arrêter car c’était catastrophique. Le personnage de Pierre a des compétences particulières, et arrêter de travailler lui semble être compliqué. Il a donc mis sa vie professionnelle au second plan car il y a quelque chose de plus important dans sa vie, que je ne vais pas vous dévoiler, qui mérite qu’il y consacre sa vie.

S.M. : Et personnellement, vous êtes plutôt Pierre ou plutôt Vincent ?

E.B. : 

Je suis clairement les deux mais j’aimerais beaucoup être Pierre ! Je crois que je suis à la fois celui qui a envie qu’on le laisse tranquille, qui vivrait d’amour et d’eau fraîche et de l’autre côté celui qui est obligé d’être compétitif, dynamique, qui répond à la société.

S.M. : On retrouve dans le film un chien, un ours et un aigle ; Ont-ils bien écouté vos conseils et cela ne vous a-t-il pas fait peur ?

E.B. : 

Pour l’aigle pas du tout, il n’a pas écouté mes conseils car dès que je le lâchais, il s’en allait à 30 km. Le chien a été assez remarquable ! Je suis allé voir un dresseur car je cherchais un chien de berger. J’ai fait des tests avec les chiens et il y en avait un qui n'arrêtait pas de me suivre, j’ai dit : « et lui qu’est- ce qu’il sait faire ? » Et on m’a répondu : « lui, il sait tout faire, c’est le meilleur ». À partir de là je me suis posé la question de prendre ce chien plutôt que celui que j’avais en tête et ça m’a imposé des dialogues pour Grégory. Pour l’ours, j’ai une estime débordante pour jean Jacques Annaud car je ne comprends pas comment on arrive à faire un film entier qu’avec des ours ! Le miens avait une autonomie de 2 heures. On

a dû lui monter sa caravane dans la montagne car s'il ne la voyait pas il ne bougeait pas et il ne fonctionnait qu'au pain au chocolat ! C’est compliqué de travailler avec un ours !

S.M. : Est-ce que vous avez déjà en tête votre prochain scénario ? Votre prochain projet ?

E.B. :

Des scénarios j’en ai plein parce que j’écris beaucoup pour les autres. Concernant le prochain film, j’en tourne un dans un mois qui raconte l’histoire d’une des premières institutrices envoyée par la IIIème république pour imposer le concept de l’école qui tombe sur des paysans qui n'ont aucune envie que leurs enfants aillent à l'école et qui ne veulent pas déléguer leur autorité parentale.

S.M. : Votre film est une réel bouffée d’oxygène, qu’est-ce que vous auriez envie de dire à nos lecteurs pour venir découvrir le film en salle ?

E.B. :

Je pense avant tout que pour ce film la solution est dans la rencontre de l’autre : ne pas avoir peur de l’autre, faire confiance à l’autre et ne pas le juger sur la première apparence. C’est aussi l’idée que la solution est obligatoirement dans le fait de s’arrêter et de ne pas se faire déborder par un rythme qui n’est pas le vôtre. Je crois que de temps en temps, marquer une pause, se recentrer est essentiel et cela n’a de sens que si cette pause est partagée.

SON ACTUALITÉ

Dernier film réalisé :

Les choses simples (avec Lambert Wilson) Sorti en salle le 22 février 2023

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