DOMINIQUE LAGROU-SEMPERE

INTERVIEW

S.M. : Vous êtes née à Dunkerque et avez grandi à Dieppe. Avez-vous gardé une relation particulière avec la mer ?

D.L. : 

Je suis une fille du Nord. Effectivement, je ne peux pas vivre sans l’air marin, le cri des goélands. Je rentre souvent sur mes terres dieppoises pour voir mes parents qui habitent toujours là-bas. Il ne se passe pas une fois sans que je remette les pieds sur la digue et la plage. J’adore la mer.

S.M. : Comment devient-on journaliste ? Est-ce héréditaire ? Aviez-vous l’habitude toute petite de jouer avec les mots ?

D.L. : 

C’est vrai que j’ai eu depuis très longtemps l’ambition d’être journaliste. Je me souviens particulièrement de l’affaire du petit Grégory, j’étais enfant. Je découpais toutes les unes des journaux. Les couvertures étaient terribles, on en oubliait même qu’il s’agissait d’un petit garçon. C’était une traque infernale et je me disais toujours du haut de ma dizaine d’années, combien j’aurais aimé être là-bas pour essayer de rencontrer ses parents, pour recueillir leur parole. Pour être ce lien entre leur vie et la nôtre, leur dire combien nous étions nous aussi si touchés par cette disparition. J’aurais voulu redonner un visage à ce petit et non pas exhiber à la une d’un journal son corps jeté dans l’eau. Aujourd’hui encore je pense souvent à cette affaire

S.M. : C’est d’ailleurs à l’occasion d’un stage sur à France 2 que vous avez rencontré votre mari Claude SEMPERE, racontez-nous !

D.L. : 

Claude a commencé sa carrière comme grand reporter à France 2 pour les journaux puis pour l’émission Envoyé Spécial. Je l’ai rencontré dans le cadre d’un stage que j’ai effectué à la rédaction. Je ne vais pas révéler ici de choses intimes. J’ai été conquise par le grand journaliste qu’il était, l’un des plus doués de sa génération, avec une voix, un cœur. Claude savait écouter les gens, poser les questions mais surtout écouter les réponses. J’ai été séduite par son intelligence et son talent, et puis, le cœur a ses raisons que la raison ignore...

S.M. : Vous débutez sur TF1 en 2001. Comment se passe justement votre rencontre avec JeanPierre Pernaut ? Est-ce que vous auriez aimé lui succéder ?

D.L. : 

Au début, je travaillais comme jeune journaliste pour toutes les éditions des journaux et au fur et à mesure, je voyais que Jean-Pierre appréciait mon boulot. C’est lui qui m’a demandé de lui proposer des reportages pour le journal de 13h. J'aurais beaucoup aimé lui succéder, mais on ne me l’a pas proposé, on appelle ça « les choses de la vie ».

S.M. : Quand revenez-vous ?

D.L. : 

Très bientôt, j’espère ! J’ai bientôt 50 ans, j’ai vécu des choses moments très difficiles dans ma vie. Mais aujourd’hui, j’aime dire que je suis libre. Libre de travailler comme je le souhaite, de m’entourer d’une équipe que j’aime et qui soit bienveillante.

S.M. : Vous entamez votre carrière de romancière avec votre livre « Celle qui s’aime enfin ». L’histoire de Toscane une violoniste hors pair que la vie n’a pas épargnée. Comment cette histoire et ce personnage sont-ils nés ?

D.L.  : 

J’avais une petite musique qui trottait dans ma tête et c’est sans doute la raison pour laquelle mon personnage principal est violoniste dans le livre. Toscane est là en moi depuis longtemps. Ce qui a impulsé la naissance de ce roman, c’est l’écriture de mon premier livre    « Après l’orage » écrit après à la disparition de mon mari en 2019.

Ce livre qui raconte la vie après la mort m’a inspiré l’histoire d’une jeune femme, Toscane, qui est passée à côté de sa vie pendant pas mal de temps. Elle ne s’est jamais sentie légitime dans cette vie. Toscane est discrète, elle ne veut pas gêner et préfère laisser la place aux autres. Encore une fois, les épreuves de la vie remettent les points sur les « i ». Traverser des drames peut être le point de départ pour retrouver sa place. On sait où se situe l’essentiel et c’est le ce message que j’ai souhaité transmettre à mes lecteurs et lectrices. Et j’ai voulu le dire à travers ce roman. J’espère que « Celle qui s’aime enfin » va résonner en vous. Ce roman est mon cadeau pour vous : montrer qu’on peut s’aimer parfaitement imparfait. On ne peut pas aimer les autres et la vie si on ne se respecte pas soi-même. On est parfois plus généreux envers les autres qu’avec soi-même. Les gens n’ont pas confiance en eux et fondamentalement ne s’aiment pas. Il y a une anecdote que j’aime bien.

Vous êtes dans un avion avec vos enfants et il y a des turbulences. Les masques à oxygène qui tombent, vous allez instinctivement vouloir installer ceux de vos enfants en premier. Mais si vous ne mettez pas d’abord votre masque, vous risquez de manquer d’air et vous ne pourrez pas les aider . Ce n’est pas de l’égoïsme mais du bon sens. C’est un acte de confiance aussi. Un acte d’amour. Alors n’oubliez pas de vous aimer !

S.M. : Quand le public vous reconnaît dans la rue, que vous dit-il ?

D.L. : 

C’est toujours très chaleureux. Généralement les gens veulent m’embrasser, ils m’ont longtemps demandé des nouvelles de Jean-Pierre, ils me disent que j’étais avec eux et Jean Pierre le midi. C’est comme si j’étais chez eux, au plus près d’eux. Ils disent que je leur manque et je leur réponds qu’à moi aussi ils manquent beaucoup !

S.M. : Comment vous sentez vous actuellement ?

D.L. : 

Je traverse la vie et pas l’inverse, je suis pleinement dans la vie. Bien sûr ça m’arrive d’avoir quelques moments de tristesse, de doute, de mélancolie. Mais j’ai la chance d’avoir à mes côtés mes deux magnifiques enfants, mes parents et désormais l’homme du reste de ma vie et ça, c’est un cadeau inestimable de la vie. Je ne peux pas vivre sans aimer et je savoure auprès de mon nouvel amoureux chaque moment de ce bonheur retrouvé.

ACTUALITE

Vous pouvez retrouver son roman "Celle qui s'aime enfin" sortie aux éditions Flammarion, ainsi que sa chaîne Youtube "Entre vous et moi". Réalisation de Pascal Lucas et production de Franck Gerber.