MARCEL AMONT

  • Par Arnaud Onnainty
  • Mise en ligne : 16 décembre 2022
  • Mise à jour : 16 décembre 2022

Né le 1er avril 1929 à Bordeaux, acteur, chanteur et écrivain, il est considéré, avec Line Renaud, Hugues Aufray et Régine, comme un des derniers grands représentants du music-hall en France. Dans cette interview, il répond aux questions d'Arnaud et nous parle à coeur ouvert.

INTERVIEW : 

S.M. : Bonjour Marcel Amont, pouvez-vous nous résumer votre parcours ?

M.A. : 

J’ai commencé mon métier à la fin des années 40 à Bordeaux, j’étais chanteur d’orchestre et après avoir fait le conservatoire d’art dramatique j’ai un peu joué de répertoire. En 1950, je suis monté à Paris et j’ai fait ce métier de chanteur pendant 75 ans ! Ce que je fais est très visuel, et même sans avoir de gros tubes internationaux, j’ai pu avoir une carrière internationale. Ce qui fait que j’ai passé ma vie entre l’Allemagne, l’Italie et le Japon... J’ai eu plus de travail que je ne pouvais en faire. Puis j’ai connu ma femme Marlène que j’ai épousé, eu deux enfants et mené une vie de famille. J’ai donc renoncé à courir le globe.

S.M. : Comment en êtes-vous arrivé à écrire un roman aujourd’hui ?

M.A. : 

Alors, le temps passe et les décennies défilent... Dans ma carrière j’ai essayé de varier les activités : la chanson, la télé, l’écriture de chansons, des spectacles, des bouquins qui tournaient autour de la chanson. Mais ce n’était pas ce qu’on appelle un roman. Lors du confinement, je tournais comme un lion en cage entre mes quatre murs, je suis allé fouiller dans mes notes et documents : départ de chansons, comédies musicales et je suis tombé sur « La Belle Marguerite » qui est devenu mon premier roman à part entière. Concevoir une chanson ou un livre c’est la même chose qu’écrire, mais une chanson dure au maximum trois minutes tandis qu’un livre sur deux cents pages, je ne savais pas si j’avais le souffle le faire ! C’est une première expérience et ça me rend anxieux comme un débutant et en même temps fou de joie !

S.M. : Ce roman, est-il autobiographique ?

M.A. : 

Mes parents sont natifs de la vallée d’Aspe dans le Béarn mais je suis né et j’ai vécu avec eux à Bordeaux. Ils ne se parlaient qu’en béarnais donc je pratiquais la langue couramment et la vallée d’Aspe a bercé mes vacances quand j’allais dans la famille. C’était donc un cadre que je connaissais mieux pour situer l’action de l’histoire de ce roman. Est-ce qu’il y a un peu de moi, forcément. On peut d’autant mieux parler de certains sentiments ou de certaines situations particulières quand on les a vécues. Je me suis inspiré de situations réelles, j’ai deux ou trois exemples en mémoire que j’ai transposé évidemment, mais ce n’est pas exactement biographique d’un personnage particulier, cela reste une fiction.

S.M. : D’où tenez-vous cette motivation ?

M.A. : 

Ce qui me motive c’est que j’ai en moi, ce besoin de m’agiter, de bouger. La vie c’est quand même le mouvement. Je ne suis pas un contemplatif, même si je peux rester immobile à penser comme l’humanité entière le fait à sa façon. Je pense que c’est l’envie de faire ; vous savez, tout le monde est un peu danseur, compteur, écrivain. Ça dépend du jugement de soi.

" Je suis passé de l’ombre à la lumière ! "

S.M. : Revenons en 1956. Vous faisiez la première partie d’Edith Piaf à l’Olympia ?

M.A. : 

Sans vouloir parodier des mots que d’autres ont déjà dit, je suis passé de l’ombre à la lumière ! J’arrive donc à Paris en 1950 ; j’avais quelques endroits, quelques points de chute où me produire et montrer ce que je savais faire. J’ai fait des cabarets, j’ai galéré quand même en progressant petit à petit. Et puis de fil en aiguille, j’ai eu un agent qui s’appelait Eddy Marouani : « Tiens, petit si tu veux je m’occupe de toi, je trouve intéressant ce que tu fais. » Et il a réussi à me faire passer dans le « supplément au programme ». Et comme j’avais déjà quelques années de métier, mon expérience me rendait plus costaud que pour les suppléments habituels. Donc me voici dans le Figaro de l’époque : « Edith Piaf et Marcel Amont à l’Olympia. » Vous vous rendez compte un peu ? Moi l’inconnu qu’on cite ! Il y avait Montand, Salvador, Charlie Chaplin, Marlène Dietrich, je n’étais jamais passé devant une première pareille et c’est là où tout a vraiment démarré. Le seul fait de passer dans ce programme a été le tremplin. De là, j’ai décroché quelques télés et tout s’est enchaîné !

S.M. : Vous avez eu une carrière à l’international, c'était le petit chanteur français qu'on écoutait où est-ce que vous chantiez dans la langue du pays ?

M.A. : 

Je me suis produit en Allemagne, en Espagne, au Pays-Bas, au Japon et même en Russie. Je m’efforçais toujours de chanter ou de dire des petites choses, quelques mots, dans la langue du pays. Mon jeu étant visuel, c’est cette particularité qui m’a donné la chance de pouvoir faire la carrière dont nous parlons, sans tubes internationaux. J’ai chanté dans le monde entier ! Je me souviens par exemple d’une tournée dans l’ex URSS et il n’yavaitpasçachezeux.J’ai vécu un an à Rome et il ya encore des italiens qui se souviennent de moi !

S.M. : Est-ce qu'il y a des choses que vous n’avez pas fait et que vous auriez envie, à défaut de réaliser, de collaborer ?

M.A. : 

Rendu à ce point de ma carrière si déjà j’arrive à me montrer et à continuer ce que je sais faire... C’est une question de réalisme ! Je ne sais pas si j’aurais l’énergie à mon âge d’assurer deux heures de spectacle. Mais imaginons qu’il prenne fantaisie à un jeune de me contacter, là je saute sur l’occasion. Ce que je cherche c’est à habiller sur mesure l’homme que je suis. Et pour ce faire j’ai écrit beaucoup de chansons moi-même. Mais il m’arrive qu’on me fasse cadeau de chansons. J’ai donc eu l’idée sur mon dernier disque de chanter les chansons qu’onm’avaitécriteaveceux. Il y a eu Souchon,Maxime Le Forestier. Il y a eu Aldebert... Et ça a été une grande joie de pouvoir faire un disque avec ces gens et c’est même émouvant de penser que dans sa fructueuse et longue carrière Aznavour est entré dans un studio d’enregistrement avec moi. Il a chanté « le mexicain » avec moi alors que jamais il ne l’avait chanté !

SON ACTUALITÉ :

Octobre 2021 :

Sortie de son premier roman « Adieu la belle Marguerite »

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