MICHEL BOUJENAH

INTERVIEW :

S.M. : Michel, nous vous retrouvons au Théâtre de la Madeleine pour 50 représentations fin janvier avec votre spectacle « Adieux les Magnifiques ». La tradition veut que vous reveniez tous les 20 ans, doit-on encore vous attendre ?

M.B. : 

Mon garçon dans 20 ans il y a de grandes chances que je ne sois plus là ! A 90 ans je ne pense pas avoir la force de remonter sur scène. Je pense que dans vingt-ans, j’aurais envie de m’asseoir, regarder la mer, m’imaginer jeune et d’imaginer que peut-être, un jour, je pêcherais un poisson.

S.M. : Les lecteurs connaissent cette belle histoire, vous aviez promis de revenir tous les 20 ans, donc là c'est le 3e volet.

M.B. : 

Tout à fait et d’autant que pour dire au revoir c’est bien pour moi de le faire maintenant ! C’est intéressant car la génération des Magnifiques, sont aujourd’hui plutôt grands- parents avec des petits-enfants de 20-25 ans et ce n’est pas facile pour eux... Aujourd’hui c’est la génération de nos petits-enfants et ils ne sont pas nés avec le même langage que nous. Comment voulez-vous qu’un grand-père qui n’est pas né ici réponde à son petit-fils quand il lui dit : « hey, Pépé il y a un ‘bleme, je suis grave dans la merde. C’est la go de mon meilleur sosse... » Il lui répond « Sorry, I don’t speak english ! »

S.M. : Le spectacle va ravir vos premiers spectateurs des Magnifiques et les plus jeunes générations !

M.B. : 

Les gens rigolent beaucoup mais en même temps, c’est quand même un constat dramatique !

S.M. : Le public va retrouver ses personnages préférés : Maxo, Julo et Guigui, mais aussi Simone Boutboul... Elle est nouvelle, existe-elle ?

M.B. : 

C’est un personnage imaginaire, mais extraordinaire ! J’ai fabriqué cette personne avec plein de femmes qui ont peuplé ma vie ! Par exemple, il y a eu des mariages arrangés dans la génération de ma grand-mère et quand le personnage parle des hommes, quand elle dit « Tu crois que je n’ai pas trompé ton grand-père » et que sa petite fille dit « Quoi, t’as trompé pépé ? », Oui, non, on ne saura jamais... C’est un personnage magnifique, bouleversant, je ne me moque pas de ce personnage, je l’adore et j’espère que vous allez l’adorer. Elle parle de plein de choses qui font partie de la vie, de l’amour, la politique, l’art, elle parle à sa petite-fille et elle est géniale ! Il y a tous ces personnages-là, des nouveaux et la même question : Quels souvenirs vous garderez de vos grands-parents ? Puisqu’on vit dans un monde où les vieux n’ont plus de place avec nous, on n'a plus le temps de s’en occuper. Combien de petits-enfants vont voir leurs papis et mamies à l’EHPAD ? Ça reste une vraie question.

S.M. : Vous avez une carrière exemplaire et complète, aujourd’hui vous n’avez plus rien à prouver, où trouvez-vous votre motivation ?

M.B. : 

Je vous arrête tout de suite, j’ai toujours l’impression que je n’ai pas encore fait ce que je devais faire ! Si j’avais l’impression d’avoir fini alors je serais en pleine dépression ! Je regarde devant, je ne regarde pas derrière, je veux encore faire plein de choses...

S.M. : Des regrets ?

M.B. : 

Des regrets j’en ai plein mais ce n’est pas grave, c’est des remords qu’il ne faut pas avoir ! J’ai encore des choses que je n’ai pas faites... Par exemple, ce film que je veux faire sur les riches et les pauvres, ou encore jouer "Deburau" de Guitry, ou la pièce "l’Ecole des Femmes" de Molière, car depuis que j’ai joué "l’Avare", je rêve de le faire. Et aussi réaliser un film tiré des "Magnifiques" comme ça le cinéma le rendrait réel et éternel ! Dans un tout autre domaine, je voudrais traverser l’Atlantique et pêcher un vrai poisson avec mon bateau et ma canne à pêche. Et le pêcher sans qu’on me dise comment faire. Je rêve de voir ma fille exposer et entendre les gens dire qu’elle a beaucoup de talent. Je rêve de voir le premier film de mon fils ou en tout cas des images qu’il aura fabriquées... Je rêve de tellement de choses !

S.M. : Revenons à vos débuts, quand vous avez été recalé au concours de l’école supérieur d’Art dramatique de Strasbourg à cause de votre accent...

M.B. : 

Oui, en réalité je leur en veux encore mais malgré ça j’ai réussi. Je me suis battu et ça a été ma force. Mais c’est le plus grand service qu’ils m’ont rendu au final.

S.M. : De toute votre carrière, Les Magnifiques c’est le spectacle qui vous a fait connaître en 1984, il a une saveur pour vous ? C’est celui que vous retenez ou une autre séquence ?

M.B. : 

Oui, bien sûr, ce spectacle et celui appelé « Albert ». C’est grâce à ces deux spectacles que j’ai été révélé. C’est grâce à ces deux-là que j’ai fait tout le reste et qu’on est venu me chercher ! J’ai des grandes nouvelles mais je ne peux malheureusement pas vous les annoncer... Je vais tourner au cinéma un film mais je ne peux rien dire de plus ! C’est énervant hein !

S.M. : Même pas une piste à nous donner, c’est triste ! Un dernier mot pour nos lecteurs ?

M.B. : 

Oui, il est interdit de mourir ! La preuve on n’est pas mort tant que les gens qui nous aiment se souviennent de nous !

S.M. : Merci Michel !

SON ACTUALITÉ :

Du 26 janvier au 5 mars 2023 :

(des mercredis aux dimanches),

Théâtre de la Madeleine à Paris :

Adieux les Magnifiques : humour et shows de et avec Michel