Alain Chamfort : le dandy mélancolique

  • Par Pascale PEIFFER
  • Mise en ligne : 23 janvier 2018
  • Mise à jour : 23 janvier 2018

Alain Chamfort en quelques mots : Naissance d’Alain le Govic  à Paris, le 2 mars 1949, 1966 : Il intègre un groupe, les Mod’s et est organiste pour Jacques Dutronc, 1972 : Alain devient Chamfort à la demande de Claude François – sortie du premier 45 tour : « Dans les ruisseaux », 1979 : Sortie de Manureva : 1 million de vinyls vendus.

Seniors Mag (S.M.) : Alain Chamfort, on vous retrouve sur scène pour une tournée de près de 25 dates entre fin février et début mai. Qu’est-ce que vous offrez à votre public dans ce nouveau spectacle ?

Alain Chamfort (A.C.) : J’ai intégré 7 ou 8 chansons de mon dernier album dans le tour de chant mais le public pourra entendre mes principales chansons qu’il connait car c’est surtout cela qu’il aime retrouver quand il vient me voir sur scène. Je suis accompagné par 4 musiciens et je joue également sur quelques morceaux du piano. C’est un moment sympathique, on fait en sorte que ce soit un beau spectacle avec un choix d’éclairage approprié aux différents morceaux. Il y a des moments intimistes quand je joue seul mes chansons et que je me sens plus proche du public puis des moments plus rythmés où l’on voyage dans le temps en passant d’une époque plus récente à des choses beaucoup plus anciennes.

S.M. : Vous qui avez joué avec les plus grands, est-ce que le métier vous fait encore vibrer ?

A.C. : Oui du moment où on peut continuer à le faire de la manière qui nous convient, la plus cohérente avec nous-même . Evidemment comme tout le reste le milieu musical évolue mais je chante des chansons d’une manière classique, je ne suis pas forcément à la mode ce qui du coup ne convient peut-être pas à la nouvelle génération.

S.M. : La chanson Manureva sortie en 1979, a  été vendue à près d’1 million d’exemplaires. Quand vous étiez en phase de création de ce morceau avec Serge Gainsbourg, est-ce que vous avez imaginé ne serait-ce qu’un seul instant que vous étiez en train de composer une chanson qui aurait un tel succès ?

A.C. : Bien sûr que non ! Quand vous composez, vous avez juste votre propre instinct.  Cela vous plait, vous êtes le seul baromètre et vous allez essayer de le faire partager avec votre public. Lorsque ça fait un tel succès, cela nous dépasse complètement.

S.M. Est-ce qu’un tel succès vous transforme et vous atteint dans votre vie privée ?

A.C. : Le succès change beaucoup de choses à tous les niveaux.  Vous devenez un peu le centre d’intérêt médiatique. Il y a une demande anormale qui se manifeste. Il faut être conscient dès le début que cela est très ponctuel et que ça ne va pas durer. Les médias vous demandent dans toutes les émissions, vous entendez votre chanson à la radio toute la journée…

S.M. : Avant de collaborer avec Serge Gainsbourg vous aviez travaillé avec Claude François : Un caractériel qui souhaitait vous mettre en avant puisqu’il vous produisait mais qui a vite été jaloux de votre succès. Comment avez-vous vécu cette période ?

A.C. : Je pense que si je ne l’avais pas rencontré, je ne me serais jamais mis à chanter. J’avais répondu à une sollicitation quelques années auparavant et j’avais enregistré un 45 tours qui n’avait pas marché. Je m’étais résolu à considérer que je n’étais pas fait pour la chanson. Puis j’ai rencontré Claude François qui m’a engagé en tant que compositeur. Au bout d’un an, il m’a proposé de chanter et de me produire. Il avait un certain pouvoir et une notoriété à cette époque ce qui m’a permis de me faire connaître rapidement. Ce qui est étrange, c’est qu’il était fier d’être un producteur reconnu comme étant capable d’avoir du succès à travers d’autres artistes et en même temps il ne pouvait s’empêcher de me considérer comme un concurrent.

S.M. : Que pensez-vous de M Pokora qui reprend les chansons de Claude François ?

A.C. : Je ne sais pas trop. M Pokora fait de grands shows. Il a la capacité de faire des chorégraphies, d’avoir des moyens scéniques et il est bon danseur.  Cela peut justifier sa démarche et puis l’album  se vend très bien.

S.M. : On parle souvent de vous comme le dandy de la chanson française. On dit de vous que vous êtes élégant et mélancolique. Vous vous reconnaissez dans ce portrait ?

A.C. : Oui bien sûr, je ne suis pas nostalgique mais j’ai une forme de mélancolie en moi, je suis un « poil » introverti et j’apprécie la solitude même si j’aime aller à la rencontre des autres. Je ne suis pas quelqu’un qui manifeste ses sentiments de manière très affirmée.

S.M. : Vous avez sorti un livre en octobre dernier qui est une anti-biographie. Qu’est-ce que cela ?

A.C. : C’est une demande d’un éditeur et le côté « anti-biographie » a piqué ma curiosité.  C’est la raison pour laquelle j’ai accepté. Quand on a commencé à écrire je voulais que l’on parle essentiellement de musique, mon domaine d’activité. Mais je me suis bien vite rendu compte que tout était intimement lié et j’ai été malgré tout, forcé de livrer des moments plus intimes de ma vie.

S.M. : Vous avez été père pour la 5ème fois à l’âge ou la plupart des hommes deviennent grands-pères. Comment a 60 ans, avez-vous vécu cette nouvelle naissance ?

A.C. : Lorsque ça arrive on est très heureux ! Ce petit garçon n’était pas programmé mais on a choisi d’aller à sa rencontre ! Je ne vis pas avec mon fils et c’est une expérience différente que celle vécue avec les ainés.  Le regard sur les choses, sur la vie n’est plus le même et je ne peux pas avoir l’image d’un jeune papa avec lui. Je suis plus cool aujourd’hui parce que je suis moins préoccupé par ma propre situation. Ma vie est plus derrière moi que devant et mon métier ne m’oblige pas à prendre ma retraite. Je fais mes activités en même temps que mon fils grandit avec plus de tolérance et de patience.  Avoir un enfant vous oblige à vous mettre à sa place avec sa fraicheur et généralement les grands-parents sont beaucoup plus indulgents avec leurs petits-enfants qu’avec leurs propres enfants. Je pense que c’est vraiment une question d’âge et j’ai la même attitude avec lui qu’avec mes petits-enfants car je suis également grand-père deux fois.

S.M. : Est-ce que vous avez réussi à transmettre le goût de la musique à vos enfants ?

A.C. : Oui les plus grands sont musiciens et ma fille de 19 ans fait une école de comédie musicale à Londres ; Quant au petit Lucien il est carrément dans le spectacle vivant,  la mise en scène… il fait de la magie, de la musique…

S.M. : Est-ce que vous êtes heureux Alain dans votre vie actuellement ?

A.C. : Oui je n’ai pas à me plaindre, si on cherche bien il manque toujours quelque chose mais je pense que l’intérêt est d’avoir toujours des désirs. J’ai eu la malchance d’avoir ma mère atteinte de la maladie d’alzheimer et comme mon père était parti avant elle, il a fallu que je la place dans une structure. Cela a été horrible et j’espère évidemment pouvoir échapper à cela. J’aimerais rassembler des gens qui ont la même crainte que moi et créer une communauté de personnes qui s’entendent bien et puissent terminer leur vie agréablement.

Partager cet article sur les réseaux sociaux
Articles associés
Les Choristes : l'interview...

Les 2 acteurs Jean-Louis Barcelona et Patrick Zard étaient à Bordeaux début septembre pour no...Lire plus...

Interview de Nicoletta pour...

Nom de naissance : Nicole Grisoni, date de naissance : 11 avril 1944 (73 ans) à Thonon Les Bains,...Lire plus...

Interview d'Axel Bauer

Né le 7 avril 1961 à Paris. Auteur, compositeur, chanteur, guitariste et acteur. En 1991 e...Lire plus...

Écrivez-nous un commentaire