Rencontre avec Nicoletta

  • Par Pascale PEIFFER
  • Mise en ligne : 10 janvier 2018
  • Mise à jour : 10 janvier 2018

Nom de naissance : Nicole Grisoni, date de naissance : 11 avril 1944 (73 ans) à Thonon Les Bains, elle a un fils : Alexandre né en 1979, elle a épousé le 23 mai 2011 son producteur Jean-Christophe Molinier.

Séniors Mag. : Vous participez en ce début d’année et pour la 1ère fois à la Tournée Age Tendre. Qu’est ce qui vous a motivé à franchir le pas ?

Nicoletta : Cette tournée est fiable et même si je n’aime pas au premier abord, participer à de grands plateaux, je suis quand même heureuse de rencontrer les autres artistes. On a souvent grandi ensemble … Sur le concept, ce n’est pas ce que je préfère dans mon travail. On fait 4 chansons chaque soir et ce sont toujours les mêmes …c’est un peu rasant.

S.M. La tournée vous permet quand même de retrouver certains artistes, des amis …

N. : Je n’ai pas beaucoup d’amis dans ce milieu plutôt des connaissances et des bonnes relations. A l’âge que j’ai ce n’est pas ça l’amitié. L’amitié est comme un grand jardin, qu’il faut beaucoup soigner. Je suis ravie de retrouver Dave ainsi que Patrick Juvet qui est adorable. Il y a aussi la petite Annie (Stone N.D.L.R.) et Isabelle Aubray qui a un grand talent et qui chante toujours aussi bien.  Je connais un peu Michelle Torr et très peu Sheila. J’ai vu le spectacle il y a quelques mois à Paris. Certains artistes sont époustouflants. Ils ont conservé leur savoir-faire et leur belle voix. Ce que Sheila fait avec ses danseurs est incroyable. Bravo Madame !

S.M. : Qui a réussi à vous convaincre d’intégrer la tournée ?

N. : J’avais besoin de travailler et c’est une tournée très bien organisée. J’ai une totale confiance en Christophe Dechavanne que je connais depuis longtemps. C’est lui-même qui m’a appelé et il a su me convaincre. Je me suis dit : « Pourquoi pas ? » Prenons le moins de risques en travaillant ! Les temps sont durs pour beaucoup de personnes. Je ne suis pas à la rue mais cette tournée marche ! Le plus important est de rendre les gens heureux. De plus je ne remplirai jamais toute seule un Zénith. Qui peut d’ailleurs remplir un Zénith à part les comiques qui marchent très fort en ce moment. Un Zénith c’est au minimum 6 000 places et si vous vendez 4 000 places on dit que c’est un bide !

S.M. : Comment avez-vous choisi vos 4 chansons que vous réservez à la tournée Age Tendre ?

N. : Je chante les plus gros tubes que voulez-vous que je fasse ! (rires !)  Je chante « Mamy Blue » « Il est mort le soleil » « la musique » « les volets clos ».

S.M. : vous avez votre tournée en parallèle…

N. : Oui depuis la rentrée je fais ma tournée gospel dans les cathédrales et les églises avec mon équipe. Je suis productrice donc je peux travailler comme je l’entends. Je chante 1h30/2h et je m’amuse avec le public en lui offrant une multitude de chansons.

S.M. : Dans les années 60 vous montez à Paris, pour changer de vie …

N. : J’ai demandé ma majorité à 18 ans et à 19 ans je suis allée à Paris pour trouver du travail. J’ai été 1 an à l’école du textile car j’ai un petit « trait de crayon », car la nature a été généreuse avec moi !  Puis j’ai fait des petits boulots comme par exemple serveuse de pizzas. A un moment j’ai tenu le vestiaire dans une discothèque assez chic où tous les chanteurs et le show biz venaient jusqu’à ce que le DJ, on disait disquaire à l’époque, m’a demandé de le remplacer. J’adorais la musique et surtout les musiques américaines. J’ai appris à enchainer les tempos en passant d’une platine à l’autre, en chantant par-dessus les disques et me mettant l’ambiance. Si bien que tout le monde me demandait pourquoi je ne chantais pas … Et quand je comptais ma petite monnaie dans ma chambre d’hôtel pour acheter mes bas, je me disais « quand même… ils ont peut-être raison … » Mais j’ai réellement été découverte par Léo Missir, direc­teur artis­tique chez Barclay qui décide de me prendre sous son aile.

S.M. : Vous avez dit il n’y a pas si longtemps que ça que vous aviez une vie tout à fait normale

N. : Eh oui !  Pas plus tard que dimanche nous sommes allés dans la propriété familiale de mon jules. Là-bas, on s’occupe des légumes, on a ramené à Paris des cassis et du tilleul.

S.M. Vous continuez à faire ressemeler vos chaussures comme quand vous étiez pauvre. Avez-vous un complexe d’avoir réussi ou d’être plus riche maintenant ?

N. : Je ne suis pas riche du tout ! Je travaille beaucoup et je ne suis pas une parvenue. Je n’ai pas de complexe, j’ai simplement conscience de faire partie d’une génération qui a de la chance. Je suis née dans cette période d’après-guerre qui était dure et c’est nos parents qui ont souffert. Moi j’ai été gâtée et j’ai pu par la suite gâter ma grand-mère, ma famille. Je me dis parfois : « pourquoi moi » J’ai une demi sœur qui est beaucoup moins dégourdie que moi et quand j’étais jeune je disais que le bon Dieu avait mal fait les choses.

S.M. : Mais en même temps vous étiez là pour veiller sur elle ?

N. : Oui je me suis occupé de ses 2 filles quand son mari est décédé. Mais c’est curieux, j’ai plus de problèmes avec cette injustice. C’est là que je me dis « pourquoi moi et pas elle ». Il est vrai que j’ai une force de caractère qu’elle n’a pas et une envie d’avancer dans la vie. En fait il faut trouver sa philosophie de vie ! Et encore une fois, j’ai de la chance de ne pas être seule dans ma vie et d’avoir un fils magnifique de 38 ans qui est au Japon en ce moment.

S.M. : Est-ce que vous êtes grand-mère ?

N. : Non malheureusement toujours pas !  Ils n’en veulent pas pour le moment ! pas de chance ! Mais je ne vais pas me mettre à leur place. Ils voyagent beaucoup et travaillent tous les deux énormément dans le secteur informatique.

S.M. : Racontez-nous votre rencontre avec Joey Star

N. : Je le connaissais depuis quelques années et on s’est retrouvé à une soirée où il a entonné « mamy blue » avec ses musiciens. Quelques années plus tard il m’a appelée en me disant « écoute j’ai besoin de toi. Est-ce que tu peux venir au studio ? Quand je suis arrivée, il m’avait fait une nouvelle version de « mamy blue » avec un très beau texte différent de l’original et des arrangements que j’ai beaucoup appréciés. J’ai rencontré quelqu’un d’étonnant, de touchant ; une personne qui a un gros cœur et qui cache une hypersensibilité. On rigole bien tous les deux. On échange beaucoup nos points de vue sur la vie. On a souffert de pas mal de choses et on a la pudeur de ne pas étaler nos souffrances, car la vie est une chienne et quand elle veut mordre quelqu’un, elle mord. On parle de l’avenir. Il me parle de ses enfants que je connais et qui sont magnifiques et il m’a présenté sa maman que j’adore. Je sais que j’ai pu choquer des gens de ma génération quand j’ai fait la tournée avec lui mais je m’en fou. Je suis une artiste, je veux évoluer car autrement on s’ennuie !

S.M. : Comment envisagez-vous l’avenir ?

N. : Je chanterai tant que je pourrai le faire physiquement et moralement, mais je ne m’imagine pas être une vieille femme sur scène. Et puis ce métier est fatigant. Il n’y a pas que les tournées qui sont fatigantes, il y a ce milieu du show biz… Quand je suis à la campagne je me dis « Oh ! il faut retourner à Paris !» mais quand je suis sur scène, face au public, que j’attrape le micro et que je me retrouve dans la lumière, ça n’a pas de prix, il faut se l’avouer !

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