Christophe : l'interview exclusive par Seniors Mag

  • Par Pascale PEIFFER
  • Mise en ligne : 07 mars 2018
  • Mise à jour : 27 mars 2018

« Tout ce qui est formaté ne m’atteint pas ; J’aime uniquement l’inconnu, c’est beaucoup plus excitant ! »

Seniors Mag (S.M.) : Vous êtes en tournée pour nous faire découvrir votre nouvel album, « les vestiges du chao » où l’on peut sentir certaines présences comme celle de Bashung. Comment est né cet album ?

Christophe (C.) : C’est vrai qu’avec Alain Bashung nous sommes du même univers et cela se ressent peut-être dans la chanson « Définitivement ». En fait ce morceau n’a pas été créé mais est juste un incident technique de son.  Je louais une maison dans le Luberon et un soir en rentrant du restaurant, il y avait un énorme bruit, une sorte de séquence qui tournait. Comme je suis quelqu’un qui ne vit que pour les formes d’ondes et les palettes sonores, j’ai naturellement enregistré ce « bruit » sur mon ordi ; Puis vers 3 heures du matin, sur mon lit, j’ai tapé une percussion, j’ai fait des chœurs au micro et le morceau a pris naissance en 1 heure ou 2. Voilà comment un incident donne naissance à un beau morceau de musique. Et cela m’est arrivé des milliards de fois parce que je fonctionne beaucoup avec l’inconnu. C’est comme le titre « Drone » qui est un morceau que j’ai réalisé chez moi en même pas 20 minutes. De toute façon en général, je travaille seul chez moi, dans mon studio.

S.M. : Sans échanger avec d’autres musiciens ?

C. : La musique c’est comme l’amour, quand on est avec une femme, on ne l’échange pas avec un autre mec. Et il y a toujours notre double dans le miroir ! Mais pour terminer l’album j’ai travaillé avec des musiciens car en fait, on ne fait rien complètement tout seul.

S.M. : Vous venez de citer 2 morceaux que vous avez vite composés et pourtant vous avez dit qu’il vous fallait des années pour faire un album.

C. : Non ce n’est pas vraiment cela. En fait, je dis souvent que je ne suis pas chanteur parce dans ma tête je ne vis pas comme un chanteur. Je vis une vie de créateur de sons, de mélodies et ensuite j’expérimente ma voix, je la travaille comme un son. Je fais beaucoup de sons parce que c’est ma passion première, ma vie, mon quotidien. Tout cela n’est pas du tout prémédité. C’est un travail de feeling, un travail dans l’inconnu. Et puis les gens pensent que je mets très longtemps à sortir un album or il n’y a pas que la création de l’album, il y a d’autres personnes qui interviennent, des rendez-vous qui se font attendre …

S.M. : Vous parlez de votre création de la musique électro rock, électro pop par contre vous avez toujours l’image du chanteur yéyé et votre public attend de vous que vous chantiez « Aline ».

C. : Oui beaucoup de personnes pensent que je suis un simple chanteur yéyé qui continue à faire de la scène.  Je chante toujours « Aline » parce les paramètres ne sont pas les mêmes à chaque gala et ainsi la chanson prend à chaque fois une autre dimension. Il n’y a pas de lassitude car à chaque fois je vis un nouveau moment !

S.M. : Johnny Hallyday qui partageait l’affiche de Salut les Copains en 1966 avec vous vient de nous quitter. Qu’est-ce qu’il représentait pour vous ?

C. : Johnny était pour moi quelqu’un de magique, de très généreux, qui comptait pour beaucoup de gens. Je suis heureux de voir qu’on lui a fait une belle cérémonie. Certaines personnes m’ont dit « Tu ne trouves pas que c’était trop ? » ? Je n’y étais pas parce que je ne vais jamais à des enterrements mais j’ai regardé la cérémonie à la télé. Les 5 ou 6 moments que j’ai passés avec lui ont toujours été grandioses.

S.M. : Dans les années 65/70 vous aviez tous les 2 le même rêve américain et pour autant vous n’êtes pas allé habiter là-bas comme Johnny, on ne vous a pas vu faire des concerts comme Johnny. On peut avoir le même rêve et avoir deux vies opposées ?

C. : Oui heureusement et ça s’appelle « la différence ». Johnny a eu envie d’aller là-bas alors que je préférais aller me balader à Clermond-Ferrand, à Lilles, à Limoges, au Havre ou à Toulouse. Cela n’empêche pas que je me sois baladé avec des choses que j’ai fait venir des Amériques. J’ai eu un moment 10 voitures américaines des années 50, les Juke box, les disques, j’ai vu également de nombreux films … C’est sûr que si je n’avais pas été aussi stressé par l’avion j’aurais sans doute découvert la route 66 et mon idole, Elvis Presley.

S.M. : Vous aimez le cinéma américain. Et ici, est-ce que l’on vous a proposé de tourner dans des films ?

C. : On me l’a proposé 30 fois et 30 fois j’ai refusé. C’est très dur d’être naturel devant une trentaine de mecs qui sont en train de te regarder en te faisant la lumière et le son ; ça n’a rien à voir avec une scène de concerts. J’ai juste fait une apparition d’une minute avec Depardieu, uniquement pour lui faire plaisir, dans le film « Quand j’étais chanteur ».  J’ai senti que ce n’était pas du tout ma « came ».

S.M. : Dans une autre vie, vous auriez été chanteur également ?

C. : Avant Brassens, Elvis, John Lee Hooker et tous les chanteurs de blues, j’ai été influencé par ma mère, couturière qui chantait très bien et surtout tout le temps. Dans son atelier, il y avait un piano qui m’attirait, que j’ai d’abord démonté avant d’essayer de jouer car j’étais un brise fer. Par la suite j’ai commencé à gratter des cordes. Il fallait déjà que je crée.

S.M. : Est-ce que l’on vous a proposé de participer à la tournée Age Tendre ?

C. : Oui et par curiosité j’ai hésité à y aller mais je ne suis pas très show-biz. De plus, la rencontre avec certaines personnes m’a dissuadé d’y participer.  Et puis le format ne me plait pas trop. Je vis en solitaire, la nuit et je ne vis pas quelque chose de normal. Or quand on fait des tournées comme celle-là, on rentre dans la normalité du show-biz.

 

Actualité :

Christophe est en tournée.

Dates à retenir entre autres :

  • Samedi 17 Mars à 20h30 Au Pin Galant à Mérignac
  • Jeudi 22 Mars à 21h Au Palais des Arts à Vannes

Dans le cadre du festival « Les Emancipées ».

 

En quelques mots :

  • Son nom : Daniel Bevilacqua
  • Né le 13 octobre 1945 à Juvisy-sur-Orge
  • A épousé Véronique Kan en 1971
  • A eu un fils avec Michelle Torr, Romain en 1967
  • et une fille avec sa femme Véronique , Lucie en 1971

 

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