Didier Barbelivien : l'interview exclusive de Seniors Mag

Seniors Mag (S.M) : Donnez-nous de vos nouvelles. Vous avez eu des soucis de santé.  Etes-vous toujours en convalescence ?

Didier Barbelivien (D.B.) : Je vais mieux. J’ai été opéré des vertèbres. Ce genre d’intervention est toujours ennuyeux mais ça va beaucoup mieux. La preuve : je rechante et je remonte sur scène.
S.M. : Vous avez sorti un album fin 2016. Vous êtes toujours le chanteur romantique mais vous vous êtes plus livré dans cet opus, vous parlez de votre mère dans « Les violons du passé » ; on entend le rire de vos filles dans « Parc Monceau ». Dans quelle ambiance s’est fait cet album ?

D.B. Maintenant j’ai une vie de père de famille rangée. Je suis beaucoup plus épanoui par la naissance de mes filles qui ont 6 ans. Cet album s’est fait un peu comme tous les précédents : J’enregistre à fur et à mesure mes compositions et parfois je retravaille des titres inconnus du public que j’ai « maquettés » il y a quelques années. Le disque se compose toujours de manière hasardeuse pour moi et à la fin cela donne une certaine cohérence, une cohésion qui m’échappe.

S.M. : La chanson « mon ange » est un descriptif de la société actuelle. J’ai l’impression qu’auparavant vous abordiez des thèmes plus légers.

D.B. : Je vais vous faire une confidence : On a l’impression que je viens d’écrire cette chanson mais en fait elle a déjà 20 ans. Je l’ai enregistrée et elle est toujours d’actualité. Quand je l’ai retrouvée au fond de mes tiroirs j’ai été étonné en me rendant compte qu’elle avait déjà 20 ans !

S.M. : Justement, je me demandais si vous vous sentiez bien dans notre société et si vous pensiez être né à la bonne époque ?

D.B. : D’une manière générale je crois que je me sentais mieux au siècle précédent, mais ça ne remonte pas à si loin que ça tout compte fait !

S.M. : Etes-vous toujours fâché avec la nouvelle technologie ? Vous écrivez toujours vos notes dans votre petit carnet ?

D.B. : Je ne suis pas fâché, je suis juste impuissant et désemparé face à l’avancée technologique. Ma femme qui est beaucoup plus jeune que moi m’aide dans ce domaine. J’ai raté l’épisode Internet et j’arrive à faire « sans », c’est une méthode qui fonctionne encore, pour combien d’années ? je ne sais pas.  Il y a les cahiers sur lesquels on écrit, les magnétos grâce auxquels on enregistre , tout cela n’a pas changé. J’entends parler de facebook et instagram, j’ai un site internet mais ce n’est pas moi qui l’alimente, je n’y comprends rien.

S.M. Vous avez dit dans une interview pour Paris Match il y a quelques années : « la nostalgie est mon fond de commerce. J’écrirai toujours car j’aime trop cela mais j’ai décidé de m’arrêter de chanter à 60 ans ». Vous en avez aujourd’hui 62 !

D.B. : Parfois, on fait des déclarations impromptues comme celle-là. J’aime toujours la scène donc je continue, je dirai même que c’est quelque chose qui m’intéresse de plus en plus.  On passe de bons moments avec le public, ce n’est pas du tout une obligation pour moi.

S.M. : C’est peut-être votre revanche par rapport à la période où vous écriviez pour les autres artistes qui se produisaient alors sur scène tandis que vous restiez dans les coulisses ?

D.B. : Non j’adore encore écrire pour les artistes qui me le demandent. Dans la vie je ne suis pas un type qui a des revanches à prendre. J’ai tellement mené ma vie de manière hasardeuse que je ne me sens pas revanchard de quoi que ce soit.
S.M. : Il y a actuellement deux tournées qui fonctionnent bien. Il s’agit de « Stars 80 » et « âge tendre ». Vous a-t-on demandé d’y participer ?

D.B. : Jusqu’à présent je n’y ai pas participé pour une question d’emploi du temps. Mais on me verra sans doute l’an prochain dans une grande tournée qui se prépare avec d’autres artistes.

S.M. : Je pensais que c’était parce que vous ne vouliez pas partager la scène avec d’autres artistes.
D.B. : Non, pas du tout ! En plus si vous venez me voir sur scène dans mes tours de chant, vous serez surprise car je fais beaucoup d’improvisation et je ne peux donc pas faire un concert millimétré tous les soirs. Ce n’est donc pas évident d’organiser et de monter un spectacle avec d’autres artistes.

S.M. : Où en est la comédie Marie Antoinette et le chevalier de Maison Rouge que vous avez écrite ?

D.B. : Il se trouve que c’est un montage plus lent, plus compliqué que j’imaginais. Pour le moment  ce  projet est rangé dans le tiroir et verra le jour plus tard. Ce spectacle est intemporel, je prends donc mon temps.  Je ne suis jamais pressé de faire les choses même si sur le moment je semble impatient.

S.M. : Vous êtes ami avec Nicolas Sarkozy et Johnny Hallyday et vous avez dit dans un autre média « ils sont semblables ils ne savent pas s’arrêter et j’ai besoin des deux. » Nicolas Sarkozy a été obligé de ralentir ses engagements politiques. Vous l’imaginez faire quoi dans l’avenir ? Vous le conseillez en tant qu’ami ?

D.B. Je ne sais pas ce qu’il décidera de faire de sa vie, le propre de l’amitié étant de laisser faire les gens comme ils veulent. On a eu des discussions sur des choses à faire ou à ne pas faire de nos jours. Heureusement il est libre de vivre comme il l’entend et franchement à ce jour, je n’ai aucune idée de ce qu’il veut faire.

S.M. : Est-ce que l’on vous verra un jour au théâtre ou au cinéma ?

D.B. : A ce jour, on ne m’a jamais proposé un rôle mais je serai tenté par l’expérience selon évidemment le rôle que l’on me proposerait ! J’ai mon copain Bénabar qui écrit et joue pour le théâtre de manière formidable et je suis complètement admiratif de ce qu’il fait !

S.M. : Avez-vous un rêve ou un projet que vous souhaiteriez concrétiser avant qu’il ne soit trop tard ?

D.B. : Je n’ai pas la notion du « trop tard » ce qui peut être un problème dans ma vie car je ne vois pas le temps passer.  Ça viendra peut-être par la suite car actuellement j’ai la bizarre faculté d’avoir toujours 17 ans dans ma tête.  Je m’arrêterai sans doute à cause de la voix, mais pour le moment j’ai encore la chance de pouvoir chanter haut.  Lorsque je serai obligé de changer de beaucoup de tonalités je mettrai fin à ma carrière d’interprète.
« Mais pour l‘instant je reste très enthousiaste à l’idée d’être encore un créateur. »