Rencontre avec Patrick Hernandez
- Par Arnaud Onnainty
- Mise en ligne : 25 septembre 2024
- Mise à jour : 08 octobre 2024
A l'occasion de la tournée, "Stars 80, encore!" , l'auteur et interprète, qui a connu un succès mondial avec son titre "Born to Be Alive", nous fait l'honneur de se confier à Seniors mag... C'est Monsieur Patrick Hernandez que nous interviewons aujourd'hui !
INTERVIEW
SM : « Born to be alive » est un tube depuis 1978, vous ne vous en lassez pas ?
PH :
Je fais une différence entre le tube et le standard, le tube peut être fragile, et disparaître rapidement. On en a des dizaines d’exemples de tubes qui ont disparu. Tandis qu’un standard, s’installe dans le temps et marque une période musicale. Donc non, quand il s’agit d’une chanson de cet acabit, on ne s’en fatigue jamais et j’étais ravi d’entendre la reprise de cette chanson pour la clôture des Jeux olympiques de Paris ! Ça véhicule ce message de positivité, qui est important pour moi depuis des années ; ça vous pousse un peu « au cul », quelque part ! On délivre ce message qui a l’air d’être bien compris par le public qui réagit à la première note de la chanson ! C’est un véritable plaisir de servir ce titre.
SM : C’est un coup de gueule qui a poussé « Born to be alive » à naître ?
PH :
J’ai écrit cette chanson en 1973 en constatant que les gens qui m’entouraient, faisaient tout à moitié, en amitié, en amour, dans leur passion, etc. Personne ne faisait les choses à fond et c’était un coup de gueule pour leur dire d’aller au fond des choses, de se prendre en main ! Et finalement ce message un peu agressif fait qu’il a marqué les gens, notamment les Anglo-saxons. C’est une expression littéraire et un peu philosophique qui ne se dit pas en anglais, puisque ça pourrait ressembler à un pléonasme ! Ça les a marqués. A l’époque, je travaillais avec un anglais qui venait de Brighton et qui m’a dit de ne pas changer le titre car pour lui c’était une vraie trouvaille.
SM : La première version n’était pas celle que l’on connaît ?
PH :
Effectivement, elle a été écrite en 1973 d’une manière folky, à la Bob Dylan. En 1975, j’ai proposé au producteur, Jean Vanloo, avec lequel je travaillais une version rock, mais il n’en a pas voulu. Je l’ai revu, pour tout autre chose, 3 ans plus tard, et il a redécouvert cette chanson qu’il aimait bien et a eu l’idée de folie de l’enregistrer de la manière dont on la connaît aujourd’hui ! Personnellement, je n’y aurais pas pensé. C’est une alliance entre nous pour arriver à ce résultat !
SM : Vous aviez prédit votre succès passé les 30 ans ?
PH :
C’était un mage, un voyant, qui s’appelait Arsène. Je l’ai vu au début des années 70 et il m’avait vraiment prédit qu’il ne se passerait rien de positif, jusqu’à mes 30 ans… Il m’avait demandé si j’étais danseur, il me voyait aux Etats-Unis : « Vous avez 30 ans et vous êtes entourés de danseurs ». Il m’a également dit des choses plus personnelles. J’ai fêté mes 30 ans en faisant une soirée sur Broadway et j’étais, en effet, entouré de 35 danseurs, je ne peux que constater ! J’étais très impressionné par cette personne. C’était la période où je prenais le Concorde (avion supersonique) pour aller à Rio, ou New-York… L’emploi du temps de l’année 1979-80, c’était lundi Berlin, mardi Londres, etc. Grâce à cet avion je pouvais me permettre d’accepter plusieurs rendez-vous dans la semaine. On partait aux alentours de midi de Paris et on arrivait à New-York à heure local vers 8h du matin, on avait une journée entière devant soi !
SM : Grease, est sorti à la même période, John Travolta faisait 30 millions de ventes et vous un peu moins, vous n’étiez pas jaloux ?
PH :
Non pas du tout ! J’ai toujours été un grand fan des Beatles, par exemple qui ont vendus beaucoup plus que Travolta et moi et je n’ai aucun ressentiment contre ça ! Ce sont des ventes qu’on ne pourrait plus imaginer. On en vend 3 millions à présent… Ce sont des chiffres très impressionnants. J’ai aussi ramassé 5 ou 6 disques d’or ! La petite pointe d’orgueil que je me ferais sur ce coup-là, c’est que je suis français et c’est très rare qu’un français arrive à fracasser les autres marchés !
SM : Avez-vous vraiment casté Madonna ? Et la rumeur qui vous prête une relation avec elle, un mythe ou une réalité ?
PH :
Madonna a toujours été une bonne copine, mais on n’a jamais vécu d’histoire d’amour ! Ce qui peut susciter ce genre de rumeur, c’est que nous ayons été hébergés tous les deux, par notre producteur commun. C’est sûrement ce qui a donné lieu à ce mythe. Elle n’a jamais travaillé directement avec moi sur scène, non plus. L’erreur vient du fait qu’au début de sa carrière, en 1983, elle m’a pris comme référence dans ses interviews. Les gens pensent donc qu’elle a travaillé pour moi en tant que choriste, danseuse. Mais non. Nous sommes très bons copains et elle n’a jamais dansé avec moi autrement que dans les boîtes de nuit. Le propos, c’était de lui faire enregistrer son propre disque ! J’avais déjà une tonne de danseurs.
SM : Stars 80 continue, c’est devenue la tournée d’une bande de copains ?
PH :
On est tous devenus de vrais amis ! A raison de 100 concerts par an depuis presque 20 ans, on passe plus de temps ensemble qu’avec nos propres familles ! Il y a des affinités plus ou moins marquées, mais on est tous liés.
SM Comment vous préparez pour une tournée aussi longue ?
PH :
C’est 2h30 sur scène, mais on se partage le travail contrairement à quelqu’un qui est tout seul sur scène. C’est plus léger au final. En tout, je dois faire 4 ou 5 tableaux. Le côté épuisant pour nous ce sont surtout les voyages, les kilomètres entre les villes etc. Au niveau préparation, j’ai toujours à la maison un coach qui vient me déverrouiller les jambes, bras, dos, et un bon ostéopathe. La dynamique de la tournée fait qu’on commence à ressentir la fatigue après le 4e concert de la semaine. Je rappelle qu’on est tous plus ou moins âgés quand même.
SM : Qui est le plus taquin d’entre vous ?
PH :
Je pense que mes collègues ont dû dire la même chose, la plus déchaînée sur les conneries, c’est Sabrina ! Elle est très forte et toujours à la recherche de gags qui peuvent durer des semaines ! A une époque, Jean-Pierre Madère était bien reçu dans les hôtels, il y avait toujours un petit plus pour lui par rapport à nous…Il s’est aperçu que Sabrina avait fait courir le bruit qu’il était incontinent ! Bien évidemment, le personnel de l’hôtel, ne voulait pas aborder directement ce sujet avec lui donc il lui demandait si tout était bien pour lui, lui rajoutait des alèses dans son lit, etc. ! Il s’est aperçu de cette rumeur après plusieurs semaines. Jean Pierre, le raconte lui-même, ça le fait beaucoup rire ! Il n’y a pas d’égo surdimensionné et ça se ressent sur scène. Le premier film retraçait bien ce genre de connivence que nous avions !
SM : Quelles sont vos envies ou vos rêves ? Refaire un album, une tournée solo ?
PH :
Les exemples sont nombreux d’artistes qui représentent quelque chose à une certaine époque et ont voulu faire un come-back mais qui se sont soldés par des échecs ! Moi je n’en ai absolument aucune envie !
La position que j’occupe avec ce spectacle me laisse tout le loisir de faire ce que j’ai envie de faire à côté ! Je suis très intéressé par la gastronomie, je brouillonne des recettes depuis quelques années, peut-être qu’un jour je sortirais un livre de recettes. Je travaille sur une musique de film etc, tout ça ce sont des activités parallèles que « Born to be alive », me permettent de réaliser. On a la chance d’avoir une petite formule avec Stars 80, qui permet de pouvoir continuer de faire de la musique, de faire des galas avec les copains. Cette année, on aura fait 80 concerts dans l’année, ça me suffit, donc je n’ai pas prévu de retour.
SM : Vous faites danser plusieurs générations, c’est incroyable !
PH :
De 7 à 77 ans, comme Tintin ! *rire*
La force de nos chansons, c’est qu’elles sont inoxydables ! Cette histoire a commencé dans la nostalgie mais ça a changé avec le film : on est passé de la nostalgie pure du public, à une espèce de fiesta permanente ! Les trentenaires, quadragénaires, viennent faire la fête, chanter avec nous ! Les générations se mélangent pour faire la fête. C’est un vrai tour de force. Ce sont des musiques qu’on entend dans tous les événements. J’ai même entendu « Born to be alive » dans un enterrement ! Ma fille a 17 ans et elle me le dit régulièrement : ce n’est pas la musique qu’elle écoute au quotidien mais, entre copains, en fiesta, les années 80, c’est des incontournables ! Profitons-en pendant que ça dure !!
L'ACTUALITE STARS 80 :
31 octobre 2024, au Liberté de Rennes
1er novembre 2O24, à L’ARKEA ARENA de Floirac
8 décembre 2024, au Zénith de Lille
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