Olivier Saladin : interview exclusive de Seniors Mag

  • Par Pascale PEIFFER
  • Mise en ligne : 01 avril 2017
  • Mise à jour : 02 mars 2018

L’ancien membre de la troupe des Deschiens est en pleine tournée avec son spectacle « Ancien malade des hôpitaux de Paris ». Il avait pour ambition de travailler ce spectacle pour quelques dates dans un théâtre et face au succès que rencontre cette performance qu’il réalise seul sur scène, les dates s’enchaînent à travers toute la France.

Seniors Mag (S.M.) : Comment avez-vous travaillé votre spectacle ?

Olivier Saladin (O.S.) : Le livre de Daniel Pennec « Ancien malade des hôpitaux de Paris », avait déjà été mis en scène en Italie et à Paris de façon très différente avec plusieurs acteurs. Moi je suis seul sur scène. Je suis parti de rien, d’un monologue. Le personnage a besoin de raconter une histoire à quelqu’un. C’est ça l’idée principale du spectacle.

S.M. : Vous ne faites pas que raconter une histoire. Vous mettez aussi en scène 10 personnages.

O.S. : Je raconte comme quand on raconte une histoire, je n’interprète pas vraiment les personnages, c’est la représentation que je m’en fais. C’est, comme cela a été dit à plusieurs reprises,  « un conte médical délirant ».

S.M. : Est-ce que l’on est dans un spectacle comique ?

O.S. : je n’aime pas le mot « comique », il n’y a pas que le rire dans le spectacle. Même dans ma carrière je n’aime pas trop le mot « comique », je joue car je suis un comédien un acteur. Quand il y a des situations qui font rire c’est très bien mais je ne joue pas de façon comique.  Je joue des vraies situations qui font rire les gens.

S.M. : Est-ce pour vous un défi ou un confort d’être seul sur scène chaque soir ?

O.S. : Il ne faut pas exagérer, ce n’est pas un défi ! Il y a des défis plus graves que cela dans la vie mais il est vrai que c’est dur puisque l’on a des responsabilités face aux 400, 500 spectateurs qui sont là chaque soir.

S.M. : Est-ce que cela permet justement de faire évoluer le spectacle plus facilement que lorsque l’on est deux ou trois sur scène ?

O.S. : Mon spectacle n’a pas tellement changé depuis la première. Peut-être qu’il y a eu quelques évolutions mais c’est normal. C’est comme lorsque l’on s’approprie quelque chose. Regardez quand vous avez une paire de chaussures neuves. Au bout d’un moment elle se fait au pied. On est plus à l’aise dedans !

S.M. : Votre femme est infirmière. Est ce qu’elle vous a donné des conseils sur les attitudes à tenir sur scène, sur l’ambiance à donner au spectacle ?

O.S. : Elle ne m’a pas donné de conseils sur le rôle d’acteur, de comédien. Elle m’a juste influencé un peu parce qu’elle m’a encouragé à faire ce spectacle, vu que le sujet lui plaisait. C’est en fait l’observation qui m’a le plus aidé, puisque quand on est acteur on regardela vie quand on va chez son garagiste ou chez le boucher ou encore dans un supermarché …

S.M. : J’ai vu que vous aviez suivi des cours de théâtre à Rouen, or quand on regarde votre biographie vous avez essentiellement joué dans des téléfilms et au cinéma. Bizarrement, il y a peu de pièce de théâtre dans votre actif …

O.S. : Pas du tout ! J’ai fait beaucoup de théâtre et c’est d’ailleurs un plus grand investissement que les téléfilms dont le tournage dure un ou deux jours. J’ai passé plus de temps sur les scènes de théâtre que devant une caméra au cinéma ou à la télévision.

Je n’ai fait que ce que l’on m’a proposé. Jusqu’à présent, on m’a offert plus de rôles au théâtre mais si on m’avait proposé plus d’implication au cinéma sans doute que j’aurai été plus sur le grand écran. Je fais un métier où l’on ne choisit pas mais où on est choisi. Je ne peux pas faire un 1er rôle au cinéma si on ne me le propose pas !

S.M. : Vous avez commencé votre métier de comédien assez tardivement à 26 ans. Aviez-vous d’autres rêves auparavant, d’autres ambitions ?

O.S. : Non, J’ai raté mes études, puisque je les ai finies en 5ème. J’ai d’abord passé un CAP de comptable puis un CAP de carreleur avant de travailler dans le bâtiment. Parallèlement je suivais des cours de théâtre et je suis devenu acteur.

S.M. : Est-ce que votre rencontre avec François Morel a été déterminante dans votre carrière ?

O.S. : Oui avec les Deschiens nous avons eu une visibilité à la télévision. Vous pouvez jouer au théâtre toute votre vie sans que vous soyez connu du grand public. Il y a régulièrement des personnes qui me disent qu’on ne me voit plus parce que je ne passe pas à la télé alors que je fais 220 représentations par an. Je leur dis « Non, non j’ai arrêté… ! » Il ne faut pas contrarier les gens !!

S.M. :  Vous n’avez jamais eu envie de reprendre les sketchs des Deschiens au théâtre ?

O.S. : Non le concept ne nous appartient pas vraiment, ça appartient aux Deschiens et puis c’était en 1995.  J’ai envie de faire autre chose maintenant.

S.M. En 2002, les Deschiens ont été tenu en partie responsable de l’échec de Lionel Jospin aux élections nationales parce que vous vous moquiez de la France d’en bas. Pensez-vous vraiment que les humoristes ont un réel pouvoir d’influence lors des élections ?

O.S. : Non je ne crois pas. Je vote car je ne suis pas apolitique mais dans ce que je fais il n’y a pas de message particulier. Dans la société, il n’y a pas que les comiques qui peuvent influencer, il y a d’autres choses, comme les médias par exemple. Je ne pense pas que les comiques aient un rôle à jouer dans les élections même si on a dit que Jacques Chirac avait été élu grâce aux Guignols de l’info qui avaient adouci son image d’homme de droite et l’on rendu sympathique et drôle.

S.M. : Pensez-vous que les Deschiens ont fait des petits depuis ?

O.S. : Je ne sais pas, mais je vois des choses à la télé qui me font penser aux Deschiens : Des interventions avec la caméra fixe et deux acteurs qui improvisent.

S.M. : Vous avez des enfants Olivier ?

O.S. : Oui j’ai deux enfants qui ont 28 et 30 ans mais je ne leur ai pas transmis le virus des planches. Ils ne sont pas acteurs.

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