Rencontre avec le compositeur du Grand bleu : Eric Serra

  • Par Christina Roach
  • Mise en ligne : 12 février 2020
  • Mise à jour : 12 février 2020

En quelques mots, Eric Serra est né le 9 Septembre 1959 à Saint-Mandé dans le Val-de-Marne. Il est le compositeur attitré de la musique des films de Luc Besson depuis le début des année 1980. Nommé six fois aux Césars entre 1986 et 2000, Eric Serra obtient le César de la meilleure musique de film pour Le Grand Bleu en 1989.

SeniorsMag. : À l’occasion des 30 ans de la sortie du film le Grand Bleu vous allez jouer sur scène l’œuvre musicale pendant la projection du film, serez-vous seul sur scène ?

Eric Serra : Non, nous serons 7 musiciens sur scène, car nous jouerons la musique du grand bleu vraiment à l'identique, même format avec les sons d'origine et synchronisé à l'image près ; comme cette musique n'était pas de la musique symphonique, j'ai monté un groupe spécifique pour jouer ça. Nous sommes aidés par une équipe technique pour nous permettre d'arriver à cette prouesse technologique !

S.M. : Vous êtes un musicien accompli et bien aguerri des concerts mais là, vous n’avez pas le droit à l’improvisation, c’est un peu rigide non ?

E.S. : Tout est chronométré et doit correspondre aux images qui défilent sur l’écran ; rigide c’est le mot ! (rire) Habituellement, sur les concerts on a un peu de liberté, on peut improviser quelques notes, s'il y a un souci technique, on s'arrête, dit deux trois blagues au public et on redémarre. Là c'est l'extrême inverse, une fois que le film démarre c'est parti pour 2h sans la moindre fraction de seconde d’improvisation, en plus on les joue avec des sons très spécifiques qui nous sont envoyés, en plus de ça tout est synchronisé à l'image près ! Je vous avoue que c'est assez stressant. Avec toute la technique connectée qu’on a, s’il y a un pépin tout s’arrête et l’écran est noir, les instruments en rade, on ne peut même pas improviser en disant « on va vous jouer du jazz » ! c’est une sensation extrêmement différente d’un concert.

 

S.M. : Comment s’est passée la composition des musiques du film « Le Grand Bleu ». Vous avez composé à fur et à mesure de l’enregistrement des scènes ou attendu que le film soit monté ?

E.S. : J’ai attendu que le film soit monté en grande partie. Moi j’aime bien travailler à l’image, je fais vraiment du sur mesure, pas de « prêt à porter ». On me dit souvent que mes musiques sont en osmose avec le film » Luc Besson préfèrerait que j'écrive avant pour avoir la musique sur le tournage pour s'inspirer. Donc là il m'avait demandé ; à chaque fois c'est un peu le bras de fer entre nous à ce niveau-là. Je devais avoir écrit trois morceaux avant le tournage ou pendant, le reste j'ai tout écrit en regardant les images.

S.M. : Luc Besson fait appel à vous pour la bande musicale de chacun de ses films. Comment fonctionne un vieux couple comme vous ? Est-ce que vous avez un droit de véto pour que vos musiques collent au plus près à ses images ?

E.S. : Malheureusement non c'est le contraire, c’est moi qui dois m'adapter. A l'image du tailleur qui ne vous demande pas de maigrir pour s'adapter à ses vêtements, c'est à moi de m'adapter à son montage. En plus Luc est perfectionniste, à l’image près, c’est donc à moi d’ajuster !

S.M. : Vous avez découvert la musique très jeune est-ce que ça a toujours été une évidence pour vous d’être musicien ?

E.S. : Cela a toujours été un rêve mais bizarrement je ne pensais pas que j'allais devenir musicien. Mon père avait fait ce métier et il était très connu à une époque, j'aurais pu me dire que c'était possible, réel. Mais je suis parti dans une voie classique au lycée plutôt scientifique : ça tombait bien en plus parce que j'étais bon en maths. Je me souviens très bien avoir choisis Bac C parce qu’au-delà de mon goût pour les maths, il y avait cosmonaute ou astronaute et aussi ingénieur du son dans la liste des métiers qui demandaient Bac C... Puis pendant mon année de terminale, j’avais monté un groupe. Le week-end j'allais jouer pour des anniversaires, dans des petits clubs locaux en banlieue parisienne. Un jour pendant une boum, « un vieux de 28 ans » est venu me voir entre deux morceaux, c’était le batteur de Michel Sardou ! Il m'a dit tu joues bien, toi tu vas devenir musicien professionnel. A cet instant-là il n'était plus question de faire autre chose ! Soudain ça avait rendu réel quelque chose qui me paraissait fantasmagorique !

S.M. : Vous avez 2 enfants je crois. Avez-vous réussi à leur transmettre le virus de la musique ?

E.S. : Je ne sais pas si c'est moi qui leur ai transmis, mais en tout cas je leur ai fait commencer le piano à 4 ans toutes les deux. Pour l'aînée jusqu’à 14-15 ans, ça ne l’intéressait pas spécialement, alors qu’elle avait un vrai niveau et soudain, elle a entendu ses mains jouer des choses qui devenaient de la musique et à partir de là elle a commencé à être passionnée. Elle joue très bien du piano et j'espère qu'elle continuera mais je ne pense pas qu'elle deviendra musicienne car ce n’est clairement pas sa passion. Quant à la cadette, elle a toujours été passionnée de musique, de danse, elle chante et danse tout le temps depuis qu'elle est née sans que j’aie eu à la pousser. En revanche, les cours de piano ça la saoule, elle n'est pas spécialement assidue. Souvent je la vois au piano en train de chercher. Elle compose quoi, sans mettre un nom dessus, mais elle compose. Je ne sais pas si ça deviendra son métier en tout cas elle a la musique en elle.

S.M. : Vous êtes reconnu dans le monde entier et votre travail a souvent été récompensé, êtes-vous comblé ?

E.S. : Je suis effectivement comblé. J’ai la chance de faire le métier dont je rêvais, qui est ma passion, donc ça c’est une chance inouïe. Plus je vieillis, plus je suis proche de mes enfants et je me rends compte à quel point ça c’est une chance.
 

Son actualité : Eric Serra sera en concert le 7 mars 2020 au Zénith de Rouen, le15 mars 2020 au Dôme de Marseille, le 19 mars 2020 au Zénith de Montpellier, le 21 mars 2020 au Zénith de Nantes et le 25 mars 2020 à l’Arkea Arena de Bordeaux. Billets disponibles sur le site https://www.gdp.fr/artistes/le-grand-bleu/

 

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