Rencontre avec Jeanfi Janssens
- Par Arnaud Onnainty
- Mise en ligne : 14 avril 2025
- Mise à jour : 14 avril 2025
Actuellement en tournée avec son nouveau spectacle, "Tombé du ciel", c'est le grand Jeanfi Janssens qui répond aujourd'hui aux question de Seniors mag !
INTERVIEW
S.M. : Vous êtes de retour sur scène 7 ans après le premier spectacle, ça vous manquait de retrouver le public en one-man show ?
J.J. :
Oui, parce que le premier a bien marché. Je crois qu'on a tourné presque 4 ou 5 ans avec ce spectacle. Parce qu'à partir du moment où il s'est fait connaître, ça a été d’une fulgurance. Et après, il y a eu cette pause théâtrale, j'ai adoré l'expérience du théâtre, sauf qu'au théâtre, on ne s'adresse pas au public directement. C'est le 4ème mur et on ne va pas dedans. Et ce rapport aux gens, ça me manquait, oui je suis content de revenir face à un public seul sur scène.
S.M. : Peut-on dire que vedette rime avec Grosse Tête ?
J.J. :
C'est l'émission qui a changé ma vie. Ça a été le déclencheur. Au moment où Laurent Ruquier me propose de faire Les Grosses Têtes, il faut savoir que moi j'arrive à la fin de mon congé sans solde, j'y croyais encore, mais j'étais un peu démotivé en disant, bon, ça fait deux ans que t'essayes, c'est compliqué, en tout cas je ne peux pas prétendre vivre de mon art. Donc on est en septembre et en décembre je dois retourner dans les avions. Laurent Ruquier me propose de venir faire un essai au mois d'octobre et je suis rentré à RTL à 16h, à 18h, je suis ressorti, j'étais une vedette. C'est exactement comme ça que ça s'est passé. Les gens ont appelé RTL pour savoir qui j’étais, parce que Laurent Ruquier me servait les anecdotes d’avions. En deux émissions des Grosses Têtes ma vie avait totalement changé donc oui, Grosses Têtes égale vedettes.
S.M. : Comment avez-vous géré votre succès fulgurant ?
J.J. :
On ne gère pas on s’adapte. C’est très compliqué car ça été tellement fulgurant que l’on ne comprend pas ce qui nous arrive. J'avais un peu peur du syndrome de l’imposteur. Je me disais « c'est pas possible, je ne mérite pas, on va me le reprendre », et puis il y a tout qui se dérobe sous vos pieds. Votre entourage et vos repères changent d'un coup. Avant, je peinais à remplir une petite salle de 60 personnes en 1 mois et là, il y avait la queue devant une salle de 600 personnes 4 fois par semaine. Le public connaissait ma voix et même pas ma tête. Donc c'était très bizarre. Mon mec m'a quitté au même moment parce qu'il n'a pas supporté la notoriété soudaine que j'ai eue. Toutes les émotions qui se mêlent. Donc je pense qu'on s'adapte, on essaie juste de tenir les murs et on se rapproche de nos racines car ça au moins, on est sûr qu'elles sont ancrées.
S.M. : Quels sont les aspects de votre vie qui ont changé ?
J.J. :
C'est mon entourage qui a changé. Et le pire, ce n'est pas tellement les gens, car la notoriété, ça fait partie du jeu d'être reconnu dans la rue, les gens sont toujours plus ou moins bienveillants. Je ne rechigne jamais à faire une photo, un autographe, les gens me connaissent des grosses têtes. Le public me parle toujours de façon très familière et c'est marrant ! C'est l’entourage, dans les relations amoureuses ou l'entourage proche qui change. Il y a un nombre de ramification dans ma famille depuis que je suis connu. Il faut s'y faire. C'est un des dommages collatérales de la notoriété. Mais ce n'est pas grave.
S.M. : Est-ce que les histoires que vous racontez sont vraies ? Votre maman ne vous en veut pas de tout dévoiler ? Vous a-t-elle légué son humour ?
J.J. :
Oui, tout ce que je raconte est vrai. Ma mère ne m'en veut pas. On sent bien que mon intention, c’est un grand cri d’amour. C'est ma mère qui m'a appris l’autodérision, elle s'est moquée d'elle avant que les autres ne le fassent, donc elle m'autorise à me moquer d'elle car c'est aussi me moquer de moi. Je ne me moque pas des autres mais de ma famille et de moi même et toujours dans une grande bienveillance. Par contre c'est vrai que je teste toujours mes vannes sur ma mère, sans lui dire que ce sont celles du spectacle.
Si ma mère rigole, ça veut dire que ça marchera. Si ma mère ne rigole pas, ça veut dire qu'il faut que je retravaille le sketch. C'est ma mère qui montait sur les tables pendant les communions et les mariages et qui faisait rire tout le monde. J'ai des souvenirs d'enfance de ma mère qui captait l’attention, qui faisait du théâtre au club du village et qui jouait souvent des rôles de mère supérieure ou de bonne sœur parce qu'elle faisait rire avec son poids, car elle avait des problèmes de poids. Ah oui, oui, c'est ma mère qui m'a légué son humour.
S.M. : Avez-vous tout de même provoqué la chance pour parvenir à votre one-man show ?
J.J. :
Oui, je n'hésite pas à prendre des risques. On n'a rien si on ne prend pas de risque. C'est comme en amour, si on ne se jette pas dans une relation, on ne saura jamais si elle marche ou pas. Et l'avantage c'est que là les risques que je prenais même si je me plantais, ça n'engageait que moi. Je n'ai pas de femme, pas d'enfant, je ne suis pas lié à quelqu'un, je n'aurais fait de mal à personne. J'ai toujours eu des problèmes de fric dans ma vie, un peu plus un peu moins ce n'était pas grave.
S.M. : Votre accent est naturel ou vous l’accentuez ?
J.J. :
Ah, je l’accentue depuis que je suis artiste, enfin, depuis que je suis jeune. J’ai fait mon coming out, à une époque où ça ne se faisait pas aussi facilement qu’aujourd'hui. Pour ne pas importuner mes parents et vivre ma vie tranquille, je suis vite descendu dans le sud, car j'avais rencontré quelqu'un. Il y avait déjà un accent différent. On me faisait bien sentir que je n'étais pas de chez eux. Donc j'ai sorti mon accent, pour dire, non, je ne suis pas comme vous, je viens d'ailleurs, comme une carte postale. Et quand je suis rentré chez Air France, on m'a demandé de le gommer, mais je me suis vite rendu compte à bord que cet accent me permettait de rendre les choses que je racontais un peu plus rigolotes ou désamorcer des conflits. Donc, j'ai toujours pris l'accent. Et quand je suis rentré à RTL, j'en ai parlé à Laurent Ruquier. Il m'a dit, « non, tu as un personnage garde cet accent parce que je peux t'assurer que quand tu parleras en radio, à la première seconde, on saura que c'est toi ». C'est vrai qu'effectivement, je l'accentue. Je ne parle pas comme ça à ma banquière quand je vais négocier un découvert. Ça donne un petit côté comique, comme les canadiens. Et bien, moi c'est pareil. C'est une signature.
S.M. : Le fait d’avoir 50 ans vous angoisse-t-il, et si oui, prenez-vous des mesures pour y remédier ?
J.J. :
Non, 50 ans, je m'en fou, j'ai 15 ans dans ma tête. Parfois, mon corps me donne des messages contradictoires en disant « Non, t'as plus 15 ans ». Je le vois bien dans la souplesse. Avant, monter trois escaliers, ça ne me posait pas de problème. Maintenant, je commence à être essoufflé au troisième. C'est tout ça qui me vieillit. Je ne veux pas rester jeune, mais je veux rester frais. C'est ma définition. Donc, j'ai toujours fait de la médecine esthétique pour rester frais. Je me fais des petites injections de botox par-ci, des vitamines par-là. Je vais vous dire la vérité. J'ai senti le moment, dans les soirées, où j'étais le plat principal pendant des années, et maintenant, je suis le fromage ou dessert à la dernière place. C'est ça la vraie définition de la peur de vieillir. Il faut l'accepter, c'est tout.
Retrouvez Jeanfi sur scène, en tournée :
-le 25 avril, au Casino Barrière, Lille
-le 14 mai, au Théâtre du Casino, Toulouse
-le 15 mai, au Théâtre du Casino, Bordeaux
-le 24 mai, à l'EMC2, Saint Grégoire (Rennes)
-le 25 mai, à la Cité des Congrès, Nantes

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