Sheila : Les bonheurs de sa vie

Seniors Mag (S.M.) : Sheila vous avez une actualité débordante en cette fin d’année. Pourquoi tout faire en même temps ? Vous aviez du temps perdu à rattraper ?

Sheila : Je ne suis pas en retraite bien au contraire ! D’ailleurs pour moi le mot « retraite » n’est pas utilisé à bon escient. Le mot retraite laisse entendre que l’on n’est plus capable de faire des choses, d’avoir des projets. Or la retraite c’est le début d’une nouvelle vie !

S.M. : Présentez-nous votre livre « Les bonheurs de la vie »

Sheila : En tournée quand je rencontre mon public après chaque spectacle, on me dit régulièrement « Mais comment faites-vous pour être autant en forme ?  à notre âge … Pour moi la phrase « à notre âge » est à bannir de notre vocabulaire. L’âge est celui que les gens vous donnent. Moi je suis restée à 40 ans. Je me fiche de l’âge que j’ai. L’important est ce que l’on a dans la tête et ce que l’on veut faire de sa vie.

S.M. : Vous n’auriez cependant peut-être pas pu écrire ce livre à 20 ou 40 ans.

Sheila : Bien sûr puisque c’est un livre d’expérience. C’est le livre d’une femme qui a 53 ans de carrière. J’ai peut-être, simplement un tempérament un peu différent et je veux faire de ma vie une aventure parce que je pense que la vie est une aventure et qu’il faut la traiter comme telle. Aujourd’hui on sait que l’on va pouvoir prolonger la vie jusqu’à 120 ans. Or si l’on vit tous jusqu’à cet âge-là, on ne peut pas mettre la retraite à 60 ans ! En plus qui nous dit que la vie ne sera pas différente par la suite. Moi je pense que la vie doit être coupée en étapes. Il faut se projeter dans sa vie et ne pas se fermer. Les impossibilités on se les crée soi-même.  Comme je le dis dans mon livre, quelqu’un qui a un projet mais qui part avec l’idée qu’’il ne va pas y arriver, il est évident qu’il ne va pas réussir. Il faut avoir confiance en soi. L’Etre a un cerveau extraordinaire : Plus il travaille plus il a envie de travailler. Evidemment si on reste sur un canapé à regarder le temps qui passe ou les émissions sans intérêt de la télévision on s’abreuve d’images et on n’avance pas.

S.M. : Faut-il être un fan de Sheila pour être lecteur de votre ouvrage ?

Sheila : Je m’adresse aux gens, à l’Etre humain, pas aux fans. Ce livre relate l’expérience d’une vie et cela n’a rien à voir avec le fait d’être fan. (Je parle de spiritualité, de la forme, j’écoute la nature et mes chakras C’est un livre ouvert sur les expériences d’une femme de 70 ans.

S.M. : A quel moment justement vous êtes-vous rendu compte qu’il fallait œuvrer dans ce sens ?  A quel moment avez- vous commencé à faire du yoga, de la relaxation ?

Sheila : Je m’intéresse à çela depuis toujours. Je ne fais pas de yoga je fais de la méditation. Aujourd’hui on ne sait pas s’étirer ; Je pense qu’à partir de 20 ans et encore dès 40 ou 50 ans on doit étirer son corps. En ce qui me concerne, le matin je réveille mon corps en faisant des exercices. C’est important si on ne veut pas d’arthrose. Le corps c’est un élastique qu’il faut utiliser comme tel.

S.M. : Vous sortez également un coffret de 2 DVD ainsi qu’un « Best of 3 CD »

Sheila : Ce projet était en préparation depuis très longtemps. Nous avons voulu présenter l’histoire de la télévision à travers l’histoire d’un artiste. Mais ceci est très compliqué à réaliser car il faut demander différentes autorisations… Pour cette compilation nous avons pris des chansons qui nous replongent dans « l’époque ».  J’ai choisi moi-même les morceaux. Rien ne se fait sans mon aval et c’est l’avantage du temps qui passe : On ne fait plus n’importe quoi …

S.M. : Quelle est la période de votre carrière que vous préférez ?

Sheila : Franchement je ne peux pas choisir. On m’a déjà demandé quelle chanson je préférais et là aussi c’est impossible de faire un choix. Chaque chanson évoque un passage de ma vie, une ambiance, une émotion, qui me replonge dans ce que je vivais au moment où cette chanson est sortie.

S.M. : Qu’est-ce qu’il vous reste du tout début de votre carrière maintenant que vous êtes plein de sagesse ?

Sheila : L’insouciance. Aujourd’hui à 16 ans on est presque majeur. A 16 ans en 1961, on savait bien que l’on était des enfants. Il y a un décalage c’est évident. A l’époque, il n’y avait pas de téléphone, c’était le temps des premières télés. Je vivais dans une maison à la campagne, je vivais à la bougie…

S.M. : Est-ce que vos parents étaient présents et arrivaient à vous préserver au début de votre carrière ?

Sheila : Je pense que si je suis comme je suis et que je parle comme ça c’est parce que mes parents m’ont donné une éducation extraordinaire. J’étais très proche d’eux. Ils m’ont donné un équilibre et avant tout ils m’ont permis de faire ce que j’aime. Ils me faisaient confiance même si j’étais sous haute surveillance. J’étais fille unique.

S.M. : Vous avez fait vos adieux à l’Olympia en 1989 alors que vous n’aviez que 27 ans de carrière. Que vous est- il passé par la tête ? Aviez-vous d’autres projets à ce moment-là ?

Sheila : Je voulais arrêter de faire « du disque » car j’avais une carrière qui était déjà absolument colossale et on me demandait encore de faire des maquettes. A un moment j’en ai eu marre.  Il fallait que je me retrouve. Je pense que grâce à cette décision j’ai pu commencer à écrire, j’ai su ce que c’était de vivre seule sans être entourée en permanence … et ce que c’était d’avoir un téléphone qui ne sonne pas …. J’ai grandi, j’ai appris.  Et puis il y a eu aussi cette septicémie.  Je suis restée 4 jours entre la vie et la mort et cela a beaucoup changé mon approche de la vie.

S.M. : Cette année, vous faites votre retour dans la Tournée Age Tendre. Est- ce Christophe Dechavane qui a réussi à vous convaincre ?

Sheila : Oui, j’y avais participé pendant des années. L’ambiance était très bonne mais ça s’était mal terminé avec le producteur…  Je pense que Christophe va amener un sang nouveau avec son équipe. Il y croit dur comme fer. Je suis contente de cette nouvelle aventure.  Il y a un beau plateau avec Gérard Lenorman et pleins d’autres artistes. C’est une bonne occasion d’aller voir les gens.  Je suis en pleine promo, en bonne santé. Les mauvaises langues diront que c’est un spectacle de « vieux ». Pour l’avoir déjà fait je peux dire qu’on y voit 4 générations dans le public !  Il y a des soirées de folies !

S.M. : Vous allez chanter quelles chansons ?

Sheila : Chacun chante 20 minutes. En ce qui me concerne je vais chanter 4 ou 5 morceaux dont « l’école est finie ». On va retrouver nos 20 ans que l’on n’a d’ailleurs pas perdu !  

S.M. : Comment vous sentez vous quand vous regardez votre vie, votre carrière ?

Sheila : Je ne regarde jamais derrière moi.  Ce qui m’intéresse, c’est ce que je vais faire demain. 

Quand je serai une vieille dame j’aurai le temps de regarder le passé.

S.M. : Le problème c’est que vous ne serez jamais vieille !

Sheila : Et bien tant mieux pour moi (rires)